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Dimanche soir, je suis sorti pour la énième fois de nuit surveiller les semis de maïs, avec il faut l'avouer une grande lassitude qu'engendre ce genre d'exercice bien éloigné de la chasse de liberté, mais proche des injonctions que peuvent nous donner tous ceux qui veulent que le sanglier se nourrisse, mais sans toucher aux cultures.  Comme il faisait beau et que la survie du petit gibier dépend grandement de notre ardeur à réduire l'impact du renard sur le peu de plume et de poil qu'il reste encore dans nos champs, je suis allé faire au préalable un affût ciblé avec une grande supervision du territoire, adossé au mur d'un château d'eau implanté en hauteur.

Il est 21 h et première observation, je ne suis pas seul comme on aimerait l'espérer à cette heure. Un agriculteur est encore en pleine pulvérisation de produits pas très sympathiques pour les mauvaises herbes. Au thermique, l'image est assez apocalyptique avec la cabine du tracteur enveloppée d'un énorme nuage blanc, je préfère être là où je suis. Autre réflexion, celle d'un vieux cette fois, il était un temps où le "jour du Seigneur" se respectait par le repos dominical... Les temps changent bien, au nom et au son de la laïcité qui finissent par désertifier les cœurs des églises le dimanche.

Heureusement un beau lièvre me redonne une vision plus optimiste de la vie et de la nature. Il a le bon ton de passer sous mes pieds à quelques mètres en contrebas. Ce seul spectacle bien que furtif ne peut que vous réconcilier avec la nature et vous donner ce sentiment qu'elle peut être belle et paisible. Dans cette vision, bucolique, épandage d'herbicide d'un côté, lièvre en quête de nourriture et de survie de l'autre, les discours écologiques sur la biodiversité et l'environnement ont forcément un accent surréaliste, loin du terrain de la vraie vie. Tous ces extrêmes qui aujourd'hui mettent environnement et vie animale au premier plan de leurs préoccupations savent-ils seulement de quoi ils parlent ? Pour eux un lièvre est plus vraisemblablement un lapin, tout comme la biche est une chevrette. En tout cas, l'agriculture conventionnelle, celle des molécules chimiques n'est sans doute de loin pas prête à déposer les armes pour sauver la biodiversité, l'homme et la planète.

21h45, l'agriculteur a changé de champ, phares pleine puissance, avec les buses des citernes qui continuent à déverser produit et odeur. Point de renard à l'horizon, mais un "promeneur" surgi de nulle part. C'est l'attitude "mode alerte" de deux chevreuils qui m'a fait élargir le jumelage dans la direction de leurs  têtes subitement levées. Sans la caméra d'observation thermique aucune chance de repérer, malgré la pleine lune, ce petit point blanc qui se déplace. Agacement, hochement de tête, interrogation sur le promeneur, son inconscience, son irrespect de l'utilisation de la nature, son attitude en cas de tir sans repérage préalable.La réponse est encore une fois venue des habitants des lieux, les deux chevreuils qui dans leur fuite sont venus se poster à dix mètres de moi, le regard inquiet toujours tourné vers l'arrière en direction de l'intrus humain dans leur monde. Encore un moment privilégié, pouvoir voir à portée de main sans être vu, percevoir les attitudes de stress avec comme seule réponse possible fuir l'homme.

On me dit que "que les promeneurs n'ont pas d'horaire de sortie et  la promenade  ne  doit pas être fixée par un plan de chasse, les chemins de terre restent libres d'accès même si on devait avoir envie de sortir son chien tard ou tôt dans la nuit".
On me dit que "je dispose simplement d'un droit de chasse qui doit s'harmoniser avec les autres usagers des terres".

En clair, je dois comprendre que le chasseur est coupable d'office, accusé de s'approprier la nature, alors que par contrat je devrais pouvoir jouir d'un lot de chasse en toute quiétude. 

En clair je dois comprendre que l'acte "incivile", par manque de connaissances et de respect de la faune n'existe pas, que l'acte de chasse est soumis à la libre circulation des personnes comme bon leur chante quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit.

En clair, je suis perçu et  pris pour un auxiliaire sans droits mais avec tous les devoirs pour ne pas perturber la libre circulation des usagers de la nature. 

Alors à quoi bon sortir, en tout cas en chasse individuelle ?

Tag(s) : #Billet d'humeur
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