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En lien, le troisième article rédigé pour la revue de notre Fédération départementale, Infos'Chasse 67, sous la rubrique, "Dans l'oeil du viseur" :

"Il est des week-end de chasse, de par les conditions météorologiques, l’ambiance ou le déroulement, où vous êtes immanquablement amené à vous poser "La" question, quel est  encore sur l'échelle de 1 à 10 le niveau de satisfaction ressenti par chaque participant lors d’une battue ?

Lorsque vous tombez sur la journée de pluie venteuse ou de neige tombante qui couvre de 15cm la forêt, le temps d'une traque, sans voir âme qui vive à l'exception de trois traileurs venus hors sentiers à travers l’enceinte chassée, dont l'un en short, que mains-pieds-dos refroidissent à la vitesse de la chute des températures, vous n'avez qu'une obsession, entendre les deux coups de trompe annonçant le retour au chalet. Adieu concentration, plaisir et bonheur d'être dans la nature.

Force est aussi de reconnaître que surgit forcément durant ce temps de méditation, "L'interrogation" qui va tarauder à l'avenir plus d'un chasseur de battues, lorsque les territoires ne seront plus "vifs" en grand gibier, "ai-je encore une chance de contact" ? Du temps de "Disney land", la question ne se posait même pas, bim-bam-boom et ahouh-ahouh rythmaient les traques et maintenaient la motivation. Aujourd’hui, la chanson n'est déjà plus la même sur les territoires domaniaux enclavés dans des chasses communales, où l'un ne peut sortir le moindre grain de maïs et l'autre ses 5kgs par poste fixe. Alors quand demain, tout le monde sera mis sur un pied d'égalité avec l'arrêt généralisé éventuel de l'agrainage, les chances sont grandes que les battues vont perdre encore plus leur attractivité ou intérêt. Ajoutez à cet avenir peu encourageant, les opérations de destruction massives qui sont exigées par la minorité qui fait la loi et les battues du futur risquent de devenir fort ennuyeuses, voire funestes.

Par ailleurs, depuis quelques années déjà, un manque de chasseurs commence régulièrement à se faire ressentir à partir de janvier et un tri sélectif se fait dans les réponses aux invitations. Lorsque les résultats antérieurs ont été moins bons, lorsque la météo passe au mauvais temps, de nombreux "invités" ou "amis" se désistent, y compris last minute au matin. Que votre battue devienne alors une opération porte ouverte avec de nombreux postes inoccupés ou que l'organisateur se retrouve à manger de la choucroute ou du "rosbif" pendant quinze jours n'est pas un problème. De toute façon, la convivialité en prend de plus en plus un coup, chacun ayant plus ou moins un bon motif pour partir dès la carabine rangée dans le coffre de la voiture : madame attend à la maison, une sortie en soirée encore prévue, des kms à faire pour retourner aux quatre coins de la France ou des pays voisins, la peur du gendarme. Pour autant, ne me faites pas dire que « l’After » ou l’explosion des bouchons de champagne ou de crémant était pour certains une plus grande source de motivation à répondre à des sollicitations que la battue en elle-même. Une chose est sûre les perspectives pour passer du bon temps ensemble, le temps d’une journée de chasse, vont être très limitées à l’avenir, en tout cas à haut risque pour l’organisateur et le chasseur, susceptibles d’être pris par la patrouille lors d’un contrôle sur place ou sur la route. Un retour de chasse dans le monde d’avant avait tout de même une autre allure, si on regarde de près ce tableau de Hugo Mühlig (1854-1929)... Aujourd’hui en lieu et place de l’ambiance conviviale, de partage d’un casse-croûte sous les yeux d’enfants et de paysans, on n'y verrait qu’infractions à la sécurité avec des fusils sur l’épaule et des bouteilles faisant presque partie du tableau...

Par ailleurs, avec la chasse clouée au pilori,  la battue devient aussi de plus en plus source de tension et d'angoisse. Aujourd’hui, la responsabilité de l’organisateur et de ses équipes est telle en matière de sécurité qu’il faut presqu’être inconscient de se lancer dans l’organisation de grandes battues. Pour beaucoup, du Président aux chefs de lignes et de traque, la remise des brisées devient (presque) le meilleur moment de la journée, celui du lâcher prise, du soulagement si aucun incident n’est venu pourrir la journée et que tous les chiens sont au rendez-vous.

Ajoutez à toutes ces angoisses, les egos à soigner des uns, les jalousies des autres ou les mécontentements par manque de retour sur investissement financier en cas de faiblesse du tableau et l’indice de satisfaction tombe à zéro. Immanquablement vous êtes amenés à vous poser la question comme dans une certaine publicité pour les herbes de Provence, mais « pourquoi se décarcasser » ?

A côté de cela, en réponse au « blues de l’organisateur » et la baisse de l’indice de satisfaction des participants aux battues, une petite voix se fait de plus en plus entendre, nous chasserions mal, d’autres modèles existent autour de la notion, chassons moins, mais mieux ou de façon plus effective au regard des plans de chasse. D’une certaine manière ce n’est pas faux, lorsque vous disposez de grands territoires et d’un service d’organisation professionnel. Mais nous ne sommes pas en Allemagne.

Si demain chasser en battues, c’est être détenteur d’un certificat annuel d’assiduité au Cynétir ou au sanglier courant, c’est recourir uniquement à des chiens brevetés en concours, c’est devoir poster sur des chaises de battues, faire bouger le gibier selon le principe de la battue concertée sur 1.000 ha d’enceintes pour 4 heures au poste, avec les équipes adaptées de traqueurs, c’est tout notre système de chasse qui est à revoir, de la location à la valorisation de la venaison.Et il faudra surtout définitivement accepter d’endosser la tenue non plus du chasseur libre et fier de l’être, mais du régulateur ou pour faire monde d’après, « manager de faune sauvage ». Sans moi".

Tag(s) : #Billet d'humeur
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