Autres solutions :
La gestion de la vie publique montre que réunir chiens et chats, quand de surcroît « l’enfer est pavé de bonnes intentions », reste un exercice le plus souvent voué à l’échec, du moins compliqué. Envisager de légiférer en réaction, comme cela sera peut-être le cas, de plus dans un contexte électoraliste, suite à deux accidents liés à l’exercice de battues, un mode de chasse, n’aidera en rien à régler les conflits, tout au plus à y mettre drastiquement un terme par l’abolition de la chasse.
Appeler au bon sens quant à l’utilisation de la nature par tout un chacun, sans mettre un pouvoir répressif reste aussi une utopie, « l’homme restant un loup pour l’homme », au-delà d’un temps d'un deuil ou d'une colère, comme avec le mouvement « tous Charlie ».
Alors existe-t-il vraiment des chemins pour un "friendly" usage de la nature et la quiétude de ses composantes vivantes, autres que coercitifs ?
Il fut un temps au siècle dernier, où chaque commune avait un garde champêtre. Le mot par lui-même éclaire sur sa fonction. La version moderne en certains endroits prend la forme de police rurale, brigades vertes, à cheval ou en VTT. Là où elles sont en place, entre rappels à la loi, pédagogie et répression, les résultats sont probants. La peur du gendarme fonctionne encore. Le chasseur sur son territoire et de par sa présence ne peut cependant endosser ce rôle, sa seule vision étant susceptible de provoquer l’émotion, voire l’affrontement. Déjà aujourd’hui, sans pouvoir légal, le chasseur, au titre de la quiétude est amené à signaler des incivilités éventuelles, au risque de retour destructeurs sur ses équipements ou son véhicule par la suite. Pourtant cette fonction de veille n’est pas dépourvue d’intérêt pour la communauté, signalement de départ d’incendies, de déchetteries sauvages, de mouvements suspects autour de trafics. Mais, dans le contexte actuel, délicat de donner une mission d’auxiliaire de police aux chasseurs, si déjà les communes ou communautés de communes ne sont pas en mesure de l’assumer par le retour du garde-champêtre moderne.
Pour ce qui est des accidents de chasse touchant les chasseurs et les non-chasseurs, la quasi totalité se passe en battues, soit en chasse collective de l’automne à fin février. L’étude des cas par la gendarmerie et l’OFB, attribuent la quasi-totalité des accidents à un non respect des règles de sécurité de tir, soit en dehors des angles de 30°autorisés, soit par des tirs dits non-fichants . De par la responsabilité endossée par l’organisateur de chasse, sauf à être inconscient et stupide, je ne connais aucun capitaine de chasse qui ne réfléchit en amont aux risques de l’accident de ses postés dans la phase de préparation de la chasse. Partout, sur l’injonction des Fédérations des chasseurs et à travers les différentes formations, la sécurité est placée en tête des préoccupations. De ce côté pas grand chose à ajouter, la sécurité est la préoccupation majeure. Par contre, un seul point peut sans doute encore être amélioré pour sécuriser les tirs, la mise en place de chaises de battues à tout poste en terrain plat. L’investissement peut-être lourd, mais la sécurité n’a pas de prix.
Une autre entrée pourrait être la généralisation de l'affût. A l’exception de l’Alsace/Moselle qui pratique une chasse mixte du tir du grand gibier, à l’affût et en battue, les autres départements restent essentiellement sur le mode de la chasse collective autour de la battue menée par un grand nombre de chiens. Indéniablement, le modèle tiré de la pratique allemande en Alsace/Moselle, issu de la loi locale et qui voit la chasse au grand gibier à l’affût ouverte selon les espèces du 15 mai au 1er février, voire plus pour le sanglier, classé nuisible, permet de réguler beaucoup mieux quantitativement et qualitativement les ongulés et surtout d'anticiper et lutter contre les dégâts dans les cultures aux périodes les plus exposées à la dent des sangliers.
L’autre avantage réside dans l’aspect sécuritaire des tirs, fichants puisque partant de postes très surélevés, en l’occurrence de miradors, avec un autre avantage, non seulement celui de l'observation du gibier, mais aussi la détection d’autres usagers sur la zone chassée.
Certes, aujourd’hui, pour lutter contre les dégâts de sangliers un certain nombre de régions autorisent déjà la chasse individuelle, dite tir d’été à partir de juin. Mais c'est insuffisant et tardif. L’application générale du modèle de l’Alsace/Moselle serait sans doute une bonne réponse aux accidents et à l’insécurité, moyennant une formation sérieuse préalable des chasseurs du fait de leur organisation, notamment en ACCA (Association de Chasse Communale Agréée) qui en théorie permet à chaque membre de la commune de chasser librement sur un territoire.
Plus délicat, dans le cadre de la destruction des sangliers et la lutte contre les dégâts agricoles, est le recours généralisé au tir de nuit, comme il peut aussi encore être pratiqué en Alsace/Moselle. Avec les équipements adéquats, https://www.veillecynegetique67.com/2020/12/franchir-le-pas-du-thermique-quel-choix-faire-pour-un-equipement-de-vision-nocturne.html et les règles de sécurité d’usage pour cette pratique, le risque d’accident est nul, si l’équipe, duement nommée auprès des lieutenants de louveterie, est organisée dans ses sorties. La seule limite est l'usage que fait le chasseur des équipements de visée nocturne, en dehors du cadre légal du tir du sanglier. Loin de moi de vouloir accuser qui que ce soit, mais je reste tout de même dubitatif, beaucoup de chasseurs se sont équipés dans le Bas-Rhin, sans pour autant faire du tir de nuit de sangliers sur prés et champs... Chassez le braconnier, il revient au galop, mais comme la demande des autorités est aussi à la destruction du cerf et du chevreuil, l'éthique et l'infraction n'est plus forcément à l'ordre du jour pour le plus grand tort de l'image du chasseur...
Reste un dernier point, la question de la portée mortelle des armes de chasse, tout particulièrement dans le cas de tir à balles. Un tir de carabine a une portée dangereuse jusqu’à mille mètres. Un tir au fusil peut avoir un impact jusqu’à deux cent cinquante mètres, mais mortel beaucoup moins. Il est évident que l’interdiction du recours à la chevrotine pour le tir en battue du grand gibier joue en défaveur aujourd’hui de la sécurité, avec une sur-fréquentation accrue de la nature par tout un chacun. La raison du recours au tir à balle a été la souffrance animale et l’accroissement du taux de réussite des recherches des gibiers blessés par les chiens de sang. Cette éthique au regard de la souffrance animale et de la recherche du tir foudroyant devient aujourd’hui une question. Faut-il un retour en arrière ? La réponse est non, mais le recours au tir court par chevrotine peut-être une solution selon les terrains à risque. Dans le Bas-Rhin comme dans d’autres départements des Fédérations autorisent déjà le tir à plomb du chevreuil en plaine pour protéger chasseurs et autres usagers contre des balles dites perdues. C’est donc dans le cadre des Schémas Cynégétiques Départementaux que la question est à étudier.
à suivre...