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Solutions possibles ou yakafokon ?

La majorité des Anciens encore en activité a acquis le virus de la chasse en suivant les aînés. Point de formation théorique et en salle, elle se faisait sur le tas. Point de contrôle de compétence et de savoir, le permis s’obtenait par remplissage d’un Cerfa. Aujourd’hui, l’entrée à la chasse est diverse et variée, par les armes, par la sécurité, par la législation, par l’identification des espèces chassables et non chassables, par QCM, très peu par l’art de la chasse.

L’exemple de nos voisins allemands avec les Ecoles de chasse serait sans doute un bon chemin. L’ambition de leur programme de formation est de façonner avant tout un « Chasseur » et non un simple tireur biberonné au sanglier, plus ou moins adroit validé pour battre la campagne selon les modes de chasse locaux ou les offres du tourisme cynégétique et ce dans les règles de sécurité.

Il suffit de faire un copier/coller du modèle d’Outre-Rhin. Il suffit de prévoir les écoles, il suffit de prévoir pour le chasseur un ticket d’entrée au permis de 3.000€ et de 5.000€ minimum au total pour espérer pouvoir chasser. Mais, en France, la chasse est dite populaire et son organisation fédérale… et tout a son prix... alors on oublie.

Une autre voie pourrait aller dans le sens du permis accompagné, tel qu’il est proposé aux jeunes non majeurs avec un élargissement à l’ensemble des candidats. L’offre peut être séduisante, à condition de pouvoir répondre à la demande par suffisamment de parrains aux CV appropriés. Mais, tout le monde sait que dans l’alternance, c’est le maître de formation et la compétence de la structure d’accueil qui sont la pierre angulaire de la réussite du stagiaire. Et là la chasse n'est bien sûr pas prête à endosser en masse ce rôle de tuteur.

Pour ce qui est de tout un chacun, usager non encadré de la nature, une sensibilisation est-elle seulement envisageable ? Seule l’école, les Universités populaires, les clubs et associations ayant comme terrain de pratique la nature par le biais de formateurs agréés de la société civile et de celle des chasseurs pourraient être une entrée possible. Le permis d’adopter un animal vient de naître dans la nouvelle législation sur le bien être animal, « lorsqu’il y a donc une volonté, il y a un chemin ». Mais de là à imaginer le politique aller sur le chemin d'un "passe nature", sur la base d'un engagement à respecter les besoins de la nature... Comme disait Georges Pernoud "faut pas rêver" !

De plus une telle piste autour de l’éducation est-elle seulement envisageable ? En théorie, oui, en pratique ?? Les écoles sont déjà le refuge de beaucoup de programmes extra-scolaires et les cours d’éducation civique cochent de nombreuses cases. Seule la piste de l’exemple parental, à l’instar des jeunes tombés dans le pot de la chasse par leurs familles, est réaliste.

Par ailleurs, pour les adultes, beaucoup de ce qui semble contraint est aujourd’hui refusé et les structures encadrant du « plein air » font déjà d’elles-mêmes aussi de la sensibilisation à la nature.

Resteraient des campagnes médiatiques de sensibilisation  autour du "bon comportement dans la nature" qui pourraient sans doute aider à améliorer les agissements  défavorables à la quiétude du monde sauvage. Réaliser une brochure identique pour tous au niveau national et non écrite par tout un chacun, disponible dans les Offices de tourisme, distribuée aux adhérents associatifs lors du paiement annuel des cotisations et en tout lieu indiqué pour toucher le public pleine nature serait un outil envisageable. Mais il y a de grandes chances que les oppositions y verraient un affront, encore "un cadeau aux chasseurs" plutôt qu'un acte pédagogique en faveur de la protection de la nature.

Restent,  encore plus compliqué à convaincre, les initiatives individuelles publiées sur les réseaux sociaux, type chasse aux trésors ou partage de circuits VTT, motos hors pistes, les sites dédiés à la publication de circuits de randonnées et autres activités de pleine nature susceptibles de toucher faune sauvage, écosystèmes ou d’interférer à la pratique de la chasse. La brochure sur le bon usage de la nature, référée sur la page d’accueil pourrait là aussi représenter une entrée. L’application d’une telle mesure paraît cependant utopique au nom de la liberté et d’expression en particulier.

Conclusions intermédiaires :

Ces quelques pistes, si elles seraient dans le domaine du possible, montrent cependant combien il est délicat et compliqué de parvenir à un modèle et des prescriptions acceptables par tous.

Le bon sens voudrait qu’au nom du besoin de quiétude de la faune sauvage et de la nature en général, l’intrusion ou l’immersion dans les campagnes, forêts et montagnes n’ait besoin de recourir au contrôle, voire à la sanction,.

La chasse ne sciera jamais la branche sur laquelle elle est assise. Pour continuer à exister elle a besoin d’écosystèmes, de forêts nourricières aux essences variées, de campagnes avec un maximum de Surfaces d’Intérêt Cynégétique et non de mornes plaines vouées à la monoculture. La chasse, ajoutons raisonnée, est le premier outil de sauvegarde de la nature et de la faune sauvage. Elle n’est pas parfaite, qui l’est, elle peut sans doute s’améliorer, mais comme le montre le premier article, c’est l’activité humaine et l’usage fait de la nature par l’homme qui a conduit à la situation conflictuelle actuelle.

Exploitation, qu’elle soit productiviste ou touristique rime mal avec sauvegarde. Sanctuariser la nature ou classer le plus possible de sites à un titre « remarquable » ou un autre, est un mauvais choix et revient à faire de l’engrillagement comme certains propriétaires privés.

Réglementer l’accès à la nature des activités encadrées, c’est déjà fait, réglementer la pratique de la chasse, c’est au seuil du supportable. Envisager des jours de non-chasse est un pis-aller qui ne réglera les conflits, l’objectif des opposants étant l’abolition de la chasse.

Si la sécurité est par contre vraiment l’objectif, la seule mesure reste l’interdiction des périmètres chassés en battues, le temps de la traque. C’est le cas, lorsque des battues administratives sont réalisées dans le cadre d’opérations de destructions de sangliers, notamment en zones péri-urbaines ou proches de voies de circulation. Mais politiquement qui veut restreindre le temps d'une traque ce qui n’est qu’un droit d’usage de jouir de la nature ? Rarement un maire et aucunement le pouvoir centralisateur.

Si l’objectif est de laisser la nature à cor et à cri à tout un chacun sous la pression d’une opposition opportuniste à la chasse sur fond de sécurité et de bien être animal, alors il faut commencer par le faire dans les espaces domaniaux, ceux qui appartiennent au peuple et dans tous les lieux sanctuarisés d’une manière ou d’une autre, avec le choix de la forme, sauvage, organisée ou contrôlée.

Alors, il faut appliquer la réglementation sur la sécurité des tirs qu'on retrouve dans les arrêtés préfectoraux et les Schémas Cynégétiques Départementaux. Je me suis déjà souvent exprimé sur le sujet, dernier article le 16 mai dernier https://www.veillecynegetique67.com/2021/05/combien-de-nos-territoires-de-droit-local-sont-ils-encore-chassables-au-regard-de-la-reglementation-de-l-exercice-du-tir.html .  La France a cette extraordinaire capacité d'édicter des interdits puis de les mettre sous le tapis lorsque sur le terrain on s'aperçoit qu'il y a un grave problème, dans notre cas, l'inchassabilité d'une bonne partie du territoire national du fait de l'enclavement de la nature, cf https://www.veillecynegetique67.com/2021/11/etude-sur-la-chasse-dans-la-controverse-actuelle-qui-la-met-au-banc-des-accuses.html

à suivre...

 

Tag(s) : #Faune-Nature-Ecologie et Chasse, #Abolir la chasse, une lutte finale ?
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