Compte tenu du contexte qui voit le sanglier mis à l'index comme "animalia non grata", et le "risque" de battues administratives, tous les groupes de chasse en forêt ont entamé depuis la mi-octobre le cycle des battues.
Maintenant, si on regarde du côté de l’éthologie du suidé et plus particulièrement son cycle de reproduction repris dans les deux tableaux joints en annexe, la mise sous pression maximale du sanglier entre octobre et décembre est l'inverse de ce qu'il faudrait faire.
Pour qu'il y ait un rut normal, deux conditions sont indispensables, en dehors d'un climat doux et d'une nourriture abondante (glandée), la quiétude du domaine vital et l'existence d'une laie meneuse et de verrats adultes.
Or que se passe-t-il actuellement sur nos territoires ? Au lieu de laisser les groupes se rassembler tranquillement pour avoir des groupes structurés autour de la "mama" au moins jusqu'à début décembre, nous battons et rebattons depuis octobre les massifs pour envoyer les sangliers par "monts et par vaux".
Or combien de belles laies matures au lieu des bêtes rousses sont déjà tombées ? Or combien de ragots ou keilers ont déjà passé par la case du frigo ?
Résultat, nous nous plaignons d'absence de mise-bas synchrone, des naissances tout au long de l'année, de l'avancement de la maturité sexuelle des jeunes femelles qui au printemps vont provoquer les dégâts.
On le voit, les facteurs éthologiques sont aujourd'hui complètement occultés par la majorité des groupes de chasse. Les raisons sont multiples :
- l'absence de petit gibier qui limite de plus en plus le nombre de jours de chasse entre septembre et novembre pour les "nerveux de la gâchette". Il fut un temps ou le petit gibier fermait le 5 janvier et faisait l'essentiel des jours de chasse, ce qui décalait les battues de sangliers en plaine en janvier avec la neige...
- notre système de financement des chasses qui multiplie les "partenaires" en tous genres et qui attendent un retour sur investissement par des battues répétées,
- le choix de la battue bruyante qui demande de nombreux invités qui à leur tour lancent des invitations en retour, ce qui oblige les différents organisateurs à commencer à chasser tôt dans la saison
- la non gestion sur des années des sangliers qui a amené les autorités de l'Etat à exiger du "résultat" dès la fin novembre
- la "concurrence" entre groupes de chasse voisins
- le marché du sanglier ressource qui en grande quantité ne se vend plus après les fêtes de fin d'année
- l'absence d'un plan local de maîtrise du sanglier
Maintenant, dans ce contexte qui est prêt à agir dans le bons sens. Le "tirez-tirez" lancé pour espérer fournir des chiffres quantitatifs susceptibles de calmer le monde agricole n'est en tout cas pas la réponse adaptée. Elle se trouve très certainement dans une gestion qualitative, mais que maintenant plus personne ne mettra plus en œuvre, à l'approche du renouvellement des baux. La tendance sera plutôt à l'abattage tous azimuths.