Mes articles sur l'art de vivre une bonne relation avec un ou des chiens ont mis du temps à trouver leurs lecteurs. Aujourd'hui, l'intérêt est présent, donc continuons à "parler chien".
Dans le post précédent sur les relations intra-spécifiques, j'avais insisté sur l'importance de laisser un chiot rencontrer d'autres chiens, jeunes ou adultes pour l'aider à mieux gérer par la suite ses rencontres avec des congénères.
Sur un plan pratique, comment aborder les rencontres, phase de grand stress pour beaucoup de conducteurs de chiens. En général au cours d'une sortie, deux cas de figure se rencontrent, le(s) chien(s) est (sont) en laisse ou en liberté.
en laisse :
en cas de menaces, l'idéal est de lâcher la laisse et de demander à l'autre personne d'en faire de même, puis de passer son chemin, pour donner de l'espace aux animaux. Finir par rappeler respectivement les chiens, une fois à l'écart des protagonistes. S'ils s'agressent, pas de vociférations émotionnelles, laissons faire, ça se calmera tout seul. Laissons le rituel aller jusqu'au bout avec les gestes d'apaisement (léchage) du vainqueur au vaincu. Au retour des chiens, pas de caresses, les chiens pourraient interpréter le geste comme un encouragement "bien fait mon grand".
En cas de conflit sérieux, il n'est pas facile de séparer en synchrone deux chiens en pleine bagarre. Le seul moyen, en l’absence d’eau ou de pétards… consiste à soulever l'arrière train de chaque chien en le saisissant à la racine de la queue. Mais il faut attendre en synchrone que les deux lâchent pour les séparer, afin d'éviter de provoquer un arrachement. En tout cas, s'il y a une chose à ne pas faire c'est de mettre les mains dans la zone d'accrochage. Vous avez toutes les chances de finir à l'hôpital...
Au pire, l'un ou les deux auront quelques traces de crocs aux oreilles, à la tête ou au cou.
Un coup de désinfectant (iode) et on n'en parle plus, voire la pose d’une agrafe ou 2 par le vétérinaire.
Cette façon de voir peut paraître un peu rude. Mais une confrontation totale vaut mieux pour régler une question de dominance, que de devoir à chaque sortie craindre les mauvaises rencontres. Tôt ou tard, l'agression se passera, avec en plus une agression de frustration, beaucoup plus sévère.
En tout cas ce type de rencontre est préconisé, si vous êtes amené à revoir l'opposant régulièrement. Si c'est un chien de passage, faites le tour d’évitement, inutile de pousser la provocation.
Une solution satisfaisante pour le chien est de le faire s’asseoir face à un chien qui veut se mesurer. Par cette posture « d’allégeance du prince au roi », votre chien ne se soumet pas et son opposant obtient une réponse codée qui le satisfait eu égard à l’intensité de sa menace.
En liberté :
le risque de bagarre est beaucoup plus limité, dans la mesure où la notion d'espace et de distance dite critique est déjà régulée par les chiens eux-mêmes.
Un chien dominé peut, pour éviter le stress de la menace et par peur, prendre la fuite avant.
Dans le cas contraire, laissons, comme avant, les chiens communiquer entre eux….
Enfin, il est bon de savoir que pour un animal dominé, la rencontre n'est pas un enrichissement, mais une agression. Elle déclenche en lui une alerte sensorielle de défense, épuisante pour son organisme. Dans ce cas, il est censé de ne pas mettre le chien volontairement dans ce genre de situations.