Ouh lala ! Les camelots sont en pleine forme. Selon la sensibilité ou situation de chacun des candidats à l'élection présidentielle, on fait dans l'incantation, comme, "on va sortir de l'Europe", dans le sentimental, comme, "je vous aime", dans la repentance, comme, "je vous demande pardon", dans le show médiatique, comme, "je me dédouble", dans le paradis, comme, "la vie sans travail", bref, nos politiques font feu de tout bois pour nous séduire.
Maintenant, pourquoi se priveraient-ils de vendre du rêve, de l'utopie, de la démagogie avec des promesses en milliards, personne n'a jamais "attrapé des mouches avec du vinaigre" ? Et c'est bien là le drame, le bas qui blesse dans une élection. La "Realpolitik" avait en son temps coûté la fonction à Gert Schroeder en Allemagne, la rigueur va coûter vraisemblablement celle à Angela. Le Thatchérisme avec son côté "abrasif" a sorti le Royaume Unie du trou, mais a fini dans la contestation interne. Le Chavisme, cher à Mélanchon visait à mettre le peuple au centre de la vie politique, mais au final l'a mis dans la misère, malgré la manne du pétrole en plus. Le Nationalisme a conduit systématiquement à des guerres plus ou moins longue, l'Europe, avec ses imperfections et son manque d'ambition, nous a laissé en paix. L'endettement des pays et particulièrement du nôtre au fil des mandats présidentiels, donne l'illusion que les cigales peuvent continuer à chanter, mais tous ces milliards il faudra bien commencer à les dégager et ce n'est pas le temps d'un mandat qu'il faudra, mais trente ans au moins. Hélas, si on fait une lecture objective de notre situation, de notre pays, avec ses divisions sur fond d'immigration incontrôlée ou d'insécurité, ses régimes spéciaux qui vont à l'encontre de l'égalité, ses fonctionnaires actifs ou retraités opposés aux salariés, ses chefs de petites entreprises noyés dans la paperasse et le contrôle, ses blocages corporatistes sur fond de sauvegarde d'acquis sociaux qu'on peut comprendre si on en bénéficie, mais pas dans le cas contraire, un programme électoral "honnête" est-il seulement possible ?
Alors, j'ai cherché à voir comment nos candidats principaux à ce jour gagnaient leur vie, puisqu'au fond, le seul moteur de nos sociétés, la valeur dominante est l'argent. Pour l'instant, seul Fillon, affaires oblige et Macron un moment dans la tourmente du financement de sa campagne, sont les seuls à avoir publié. Hamon a bien donné quelques indications, mais il manque les revenus de sa compagne cadre chez LVMH, quant à Marine et Mélanchon, il faut encore se contenter des "déclarations de patrimoine" comme députés européens... autant dire de rien.
https://www.fillon2017.fr/2017/02/06/transparence/
http://www.hatvp.fr/livraison/dossiers/melenchon-jean-luc-di-europe.pdf
http://www.hatvp.fr/livraison/dossiers/le-pen-marine-di-europe.pdf
Je ne sais pour vous, mais moi, c'est beaucoup de : ? ! ... , à l'exception de Fillon et Macron. Il y a du revenu, du placement, de la diversification, du patrimoine, de la défiscalisation qui laisse à supposer une gestion style "bon père de famille" selon les ressources. Pour les trois autres, il va falloir attendre, même si pour Hamon il y a quelques indications, en premier ses revenus d'élus, ça gagne tout de même bien, ses deux appartements non localisés, ses prêts et son Opel Corsa... Vu comme cela, pas très rassurant, mais c'est sans doute sa compagne, cadre chez LVMH qui gère... Reste Marine et Mélanchon où il faut se contenter pour l'instant de la déclaration de patrimoine comme député européen, autrement dit d'un formulaire rempli au stylo avec beaucoup de néant, voire avec un soupçon de mépris caché...
Je ne sais si vous êtes comme moi, mais si dans ma tête j'avais programmé d'être candidat, une des premières choses aurait été de préparer ma situation patrimoniale à rendre publique de toute façon par la suite. Et pour être crédible ou en phase avec mes futurs discours, j'aurais publié d'office dès mon entrée en scène. Ben non, ça fait des programmes avec des dépenses en milliards, ça jongle avec des chiffres, alors que pour soi on donne l'impression de ne pas avoir gagné grand chose ou su faire fructifier son travail.
Décidément, nous n'avons pas les mêmes quotidiens, eux avec leurs assistants, conseillers et autres influences n'ont qu'à penser et discourir à partir de textes rédigés par des nègres ou plumes, nous ont doit affronter quotidiennement la vraie vie à la seule sueur de notre front. Au final, ils sont des comédiens de la grande scène politique, des divertisseurs de médias, mais à la différence de l'acteur, l'un d'entre eux finira par avoir le pouvoir et la rente "chapeau" qui va avec à la fin du mandat. cf http://www.veillecynegetique67.com/2017/02/emplois-fictifs-et-remunerations-presidenteilles-post-mandat.html
Enfin, exiger une loi de moralisation comme vient de le faire Bayrou pour garantir des élus propres, quelque part c'est surréaliste et déjà fait, par l'obligation de déclaration de patrimoine. Cela montre en tout cas aussi que le Français et l'argent restent une relation compliquée. Aux U.S.A. montrer qu'on a gagné de l'argent est une fierté, une forme de preuve d'efficacité ou de compétence. Chez nous la lutte des classes reste une réalité et rend la réussite financière soupçonneuse, comme si tout le monde s'enrichissait sur le dos des autres. Qu'on le veuille ou non nous sommes de plein pied dans une société mondialisée d'argent. C'est le seuil de richesse qui peut poser problème et l'usage fait de sa richesse.
Bill Gates vit bien et redistribue largement. Nos footballeurs ou autres people payés avec des rémunérations indécentes, comparé à l'ouvrier du "métro-boulot-dodo", font-ils de même à partir du moment où ils ont satisfait toutes leurs envies ? Si un élu bosse en plus de son mandat ou possède des biens qu'il fait fructifier, où est le problème, au moins il sait de quoi il parle. Si sa vie il la gagne que par la politique, comme professionnel des mandats, des cumuls et des courbettes, pour faire des discours écrits par d'autres, proposer des lois préparés par d'autres, etc... la situation est bien différente. C'est cette dernière qui est à moraliser, pas la réussite personnelle privée ou familiale.
"Le seul intérêt de l'argent est son emploi." Benjamin, Franklin