Très prochainement, le monde des adjudicataires du 57/67/68 va recevoir la "facture complémentaire" des dégâts de sangliers de la saison 2019. Pour tous ceux qui seront classifiés par les FIDS respectifs en gestionnaires "défaillants, désinvoltes ou négligents" les montants risquent de faire grincer bien des dents.
Faut-il "pleurer" avec eux, comme sait le faire tout agriculteur aguerri dans les médias, certainement pas à en croire les tableaux qui sont réalisés actuellement par tous ceux qui ont fait et continuent à faire du sanglier, une ressource financière, avec la venue aux battues de "gros clients", au passage avec l'agrément des autorités fédérales et de l'Etat, contrairement à leurs Cahiers des charges.
Vraisemblablement, comme depuis l'instauration de la sectorisation des dégâts, il y aura à nouveau des victimes de la calculette qui n'y seront pour rien, mais devront payer tout de même tout en n'ayant pas de dégâts, voire de sangliers, au nom de la mutualisation.
A l'heure où tout le pays parle dans la rue et face camera de "justice", j'attends donc de voir comment les "plainards" dont leurs lots ont juste la malchance d'être à proximité de "boîtes à cochons", vont être traités. Pour ces derniers, Il sera inacceptable de leur imputer une responsabilité aux dégâts, à partir du moment où ils ont fait ce qu'ils pouvaient avec leurs moyens uniquement dissuasifs.
Deux raisons :
- la première, ils subissent, les règles sur l’agrainage de l'ONF en domaniale et le nouveau Schéma cynégétique, de plein fouet, notamment l'arrêt de l'agrainage linéaire et la restriction quantitative aux postes fixes, voire la réduction de postes avec le nouveau Schéma cynégétique et les conventions ONF, à un moment où les forêts regorgent de densités considérables de sangliers. Une telle politique ne peut se justifier qu'à partir du moment où les sangliers ont été réduits drastiquement, soit après les battues de la saison en cours. Du jour au lendemain, parce qu'une autorité l'a décidé, sur une affirmation ni fondée ni contestée, priver de nourriture les compagnies est une aberration, une faute inexcusable. Dans mon article http://www.veillecynegetique67.com/2019/11/premier-bilan-de-l-arret-general-de-l-agrainage-des-sangliers-dans-le-bas-rhin-merci-l-onf.html j'ai affirmé que le linéaire bien mené en forêt à proximité de lots de plaine exposés aux dégâts, associé au tir de nuit fort à l'extérieur, est le seul moyen de garder les sangliers en forêt, même en abondance. Supprimer brutalement par contre l'agrainage, sans tenir compte de la situation de proximité de beaucoup de terrains agricoles, a été une aberration qui mériterait la sanction financière des auteurs, soit tous ceux qui l'ont imposé dans le nouveau Schéma cynégétique.
- la deuxième raison qui devrait exonérer de facture complémentaire une partie des chasses de plaine, réside dans le fait que leurs efforts pour tenir les dégâts dans une limite acceptable par le tir de nuit, je parle là avant tout des "plainards" qui n'ont ni bois, ni biotope à sanglier, pas des chasses mixtes avec agrainage et cultures ou prairies, ne sont absolument pas valorisés et reconnus par la mutualisation des dégâts. Personne ne peut attendre une présence permanente des tireurs de nuit sur le terrain, tout au long du temps d'exposition au risque. Cependant, Il y a une grande différence entre ceux qui pratiquent le tir de nuit occasionnellement, au gré des envies et de la météo, comme c'est souvent le cas sur des chasses mixtes et ceux qui font l'effort conséquent pour la communauté et surtout les voisins de la forêt. Si je prends encore une fois notre chasse expérimentale qu'avons nous permis ? Une saison 2019 sans dégâts sur notre lot le plus exposé, par anticipation des risques et un suivi permanent des mouvements de sorties des sangliers, une absence de battues administratives pour la forêt, une année de tous les records pour leurs battues, 61 sangliers à l'ONF pour l'instant, 31 en une journée à la domaniale voisine louée.
Trouver le pigeon de l'année et les winners ? Inversement, nous aurions laisser filer ou ne serions sortis que le vendredi soir par tradition ou plaisir, qui auraient été les gagnants ? L'association des Lieutenants de louveterie avec le produit des battues administratives, nous, moins de frais d'équipements, d'essence, un sommeil plus réparateur et moins d'absence du lit conjugal, quoique !
C'est donc bien une triple peine qui est infligée aux lots sans capacité de gérer les densités de sangliers, rôle revenant exclusivement à la forêt : d'un côté, ils doivent sauver la planète dégâts par l'astreinte nocturne, de l'autre ils doivent protéger la forêt des battues administratives pour leur garantir les dividendes du sanglier ressource et leur éviter le point noir de la sectorisation qui peut "coûter un bras" à tout le monde et en plus, ils doivent payer la facture complémentaire.
Intégrer les territoires de plaine sans bois, ni biotope à sangliers est non seulement d'une grande injustice, uniquement dictée par la calculette des tenants du sanglier, mais avec l'arrêt généralisé de l'agrainage de dissuasion imposé par les exploitants privés ou gestionnaires de la forêt, c'est surtout une grande arnaque qui se répercutera sur la saison 2020 du fait des dates d'estimation des dégâts de prés et de semis sur maïs.
Cette injustice demeurera tant que n'est pas analysé, pris en compte "ce qui est" et que les décideurs et acteurs du dossier dégâts, des FDC aux Préfets, feront les choses par dogmatisme, sans écouter le terrain, qui part de l'adjudicataire, aux techniciens des FIDS et les Lieutenants de louveterie, pour peu que chacun s'en tienne à la réalité factuelle et ne cherche à "se faire de la laine sur le dos de l'autre", à plaire à un tel ou un tel ou céder à des pressions.
L'intégration des territoires sans bois ni biotopes à sangliers dans le paiement de la contribution complémentaire reste la boîte de Pandore ouverte en son temps et qui s'avère une erreur dictée par l'intérêt et non l'équité. Si les dégâts sont appréciés par lots, c'est par analyse des chasses, de leurs territoires, de leurs historiques des dégâts, de leurs tableaux de jour comme de nuit, de leur recours ou non à la chasse marchande que doit se faire la répartition de la facture complémentaire. Toutes ces données sont largement connues, le nier serait faire preuve d'hypocrisie.