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Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ? De tout temps et en biens des domaines, les approches de la vie entre générations étaient différentes. Mais aujourd'hui, non seulement l'écart générationnel n'a peut-être jamais été aussi prononcé, mais les nouvelles générations le font savoir, de Greta Thunberg aux nombreux ados durant le confinement du Covid, victimes soi-disant d'un "vol de leur jeunesse" par les vieux.

Le rapport à la nature, à la nourriture, la manière de voir et vivre avec l'autre, d'aborder la vie, le transfert générationnel, autant de sujets qui divisent plus que n'unissent jeunes et anciens. La vie suit son chemin, le nôtre se rapproche de la ligne d'arrivée, mais une partie des nouvelles générations fait comme si le savoir, la compétence n'avaient jamais été en nous. Vieux et jeunes s'accrochent, alors que le bon sens logique voudrait que la jeunesse accepte d'apprendre de la vieillesse et de son expérience. Mais aujourd'hui, il est de bon ton d'opposer "ancien" et nouveau monde.

La chasse n'échappe pas non plus au changement générationnel. Je suis issu de la génération dorée, le temps où l'agriculture aidait la prolifération de la faune sauvage, le temps où la campagne restait agricole et non rurbaine, le temps où le petit gibier restait roi ou la plaine dominait le bois, la cartouche la balle. Le productivisme agricole a transformé en morne plaine notre "beau jardin", comme Louis XIV s'en était émerveillé et conduit nos nemrods vers la facilité d'élevage de la bête noire, passée de gibier à espèce à détruire, avec au bout, une "monétarisation" rapide de la chasse. De l'art de la chasse et de la gestion intelligente aujourd'hui on dit "raisonnée", de notre faune qui a fait notre renommée et spécificité, nous avons progressivement tendu vers la facilité de la prolifération, à coups d'agrainoirs automatiques et de disperseurs de maïs. Du repas tiré du sac autour d'un bon feu, où circulait un chapeau au bon vouloir et pouvoir de chacun, nous sommes passés à la prestation de service, avec, dès l'arrivée au lieu de rendez-vous formalisme et dépôt de la dîme, le tout sous l'appellation d'invité.

De la chasse marchante en ligne, avec foule de rabatteurs et de chiens, de la chasse "où la quête valait mieux que la prise", nous sommes passés à la domination des battues, rendant « les disciples de saint-Hubert plus tireurs et moins chasseurs » comme le pensait le comte Clary, déjà en son temps. Se mettre en scène, se raconter sur les réseaux sociaux, pas forcément toujours sous la meilleure des formes, étaler ses conflits relationnels, monter des mayonnaises critiques est aujourd'hui monnaie courante, la communauté des chasseurs n'y échappe pas hélas non plus. Ce n'est pas de la nostalgie d'un monde passé jugé meilleur, juste le constat que le bonheur ne se décrète pas, il se façonne au fil des ans, ne vient pas tout seul par le jeu d'influences, de donneurs de leçons ou de tutos. La critique reste toujours encore facile et la plupart du temps, "un manque de savoir". Elle est devenue présente en permanence dans nos quotidiens car le monde est dorénavant connecté d'un bout à l'autre de la planète.

Aujourd'hui, le Graal en terme de métier, du moins celui qui enthousiasme la jeunesse américaine de 13 à 33 ans est d'être influenceur. De quoi donner au quotidien actuel et futur suffisamment de courroies de résonnances et de matières premières en rêves, promesses, futilités et discours pour enrichir la société de "pigeons", celle qui n'a pas conscience d'être instrumentalisée. Fomenter l'hostilité est aujourd'hui facile, il suffit d'alimenter avec quelques clics de doigts crochus les réseaux adéquats et le feu est allummé pour embraser les masses. Sens critique positif, medias responsables, hommes politiques sincères, soit sans arrières pensées de conquête d'un pouvoir, des qualités qui se perdent au fil du temps, la posture première étant d'être en premier lieu, contre. Etre contre n'est en soi pas un mal, l'ennemi c'est l'obscurantisme qu'il développe au final, comme peut le faire ou l'a fait la religion. Plus que jamais la dictature des minorités prend place dans la vie des uns et des autres. 120.000 personnes suffisent pour amener le Sénat à formuler 30 propositions visant les chasseurs et la pratique de la chasse. Mais comme le résultat attendu par les auteurs, soit a minima l'absence de chasse le mercredi, le dimanche et les jours fériés et au mieux l'arrêt de la pratique n'a pas été obtenu, la suite est aisément devinable. Le prochain accident de chasse ou de la circulation routière en lien avec de l'alcool sonnera l'hallali. C'est juste une histoire de temps, de patience, le travail préparatoire pour obtenir gain de cause est fait.

Qui aurait cru,  il y a encore peu de temps, que pour un chasseur mettre une claque à une femme pouvait mener à une confisquation totale de ses armes et la suppression de son permis de chasse, dès lors qu'une plainte était déposée ? Aujourd'hui, c'est une réalité.

Le chasseur est dans l'oeil du cyclone, plus que jamais nous devons être des modèles de pratiquants et de comportements, proches de la perfection qui chacun sait n'existe pas. Autant dire, sans être devin, que nous l'aurons dans le ... dos, sans doute plus tôt que tard.

Tag(s) : #Abolir la chasse, une lutte finale ?, #Billet d'humeur
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