Dans mon article de lundi à la sortie des élections législatives, j'ai souligné pour la démocratie le danger montant de la doxocratie, liée à la manipulation des opinions. Dans tous les domaines, individus, médias, instituts, Think Tanks, communautés et autres organismes avec ambition de peser sur les cerveaux, cherchent à influencer ce qu'on appelle désormais le "jugement public".
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Il fut un temps où le monde se refaisait sans faire de mal à personne au bistrot du coin autour d'un café où chacun y allait de son opinion souvent faite de bon sens et de raison. Aujourd'hui à la vitesse d'un clic sur un téléphone, dans l'émotion et souvent sans recul, les humeurs du jour de tout un chacun s'expriment. Les instituts de sondage ne se sont jamais aussi bien portés pour donner des avis sur tout. Pas un média télévisé ou journal ne se prive de lancer quotidiennement des enquêtes dites d'opinion, sans parler des actions externes et hostiles au pays sous formes de fake et désinformations. Et ce n'est pas la nouvelle coqueluche du monde d'aujourd'hui, l'Intelligence Artificielle qui va arranger les choses. Bref, comme le dit la définition de la doxocratie, le nouveau monde est face à un "système social ou politique dans lequel l'opinion publique cherche à exercer une influence directe sur les décisions de gouvernance".
Reste à produire une illustration parlante. Pour sortir des exemples à foison que procure actuellement le débat d'opinion sur la gouvernance à venir du pays prenez le procès qui est entrain d'être fait à Didier Deschamps dès le coup de sifflet final qui a vu la France du foot battue par l'Espagne. C'est féroce, moche, bien dans l'aire du temps qui n'est pas éloigné au final de celui du temps des romains, des arènes, des gladiateurs et de la sentence du peuple pouce levé ou baissé.
Bien sûr la question peut-être débattue dans une émission sportive à condition que "l'enfer ne soit pas pavé de bonnes intentions"... à savoir comme le veut la doxocratie, disposer, à terme d'opinions et de sondages puissants, pour servir à ceux qui ont de la suite dans les idées de levier de pression fort sur le pouvoir décisionnel de la Fédération de football, voire pousser l'entraîneur à jeter l'éponge.
Quand de surcroît, les méthodes pour faire monter des petites musiques dans les opinions ont recours au "si", soit donc des hypothèses, le procédé devient pervers. La supposition est dangereuse dès lors qu'elle est présentée comme une explication. Si Griezmann avait joué, si M'Bappé avait été mis sur le banc, si Macron avait reconnu le NFP vainqueur des élections, etc... Toujours facile de refaire le monde après, si "le chien en poursuivant le lièvre, n'avait fait sa crotte, il l'aurait attrappé...
Cette tendance à remettre en cause tous les jours ce qui ne va ou ne convient à des minorités présente un danger que la liberté d'opinion et d'expression ne peut justifier. Bien utilisée dans des coeurs purs, la doxa est un bon outil, institutionnellement, on la retrouve dans l'acte électoral du vote et dans le referendum. Telle qu'elle évolue actuellement, elle n'a pas sa place et devient dangereuse pour le citoyen et le pays.
Maintenant, comme toujours, vous n'êtes pas obligés de me croire !