

En ligne, mon dernier article paru ce jour dans la revue de la FDC 67, Infos'Chasse 67 :
"Il y a un an commençaient les premières tractations pour renouveler ici un bail de chasse au gré à gré ou là des grandes manœuvres pour acquérir un territoire. Depuis, le temps a passé vite, celui des aménagements cynégétiques à mettre en place pour ceux qui n’ont pu se mettre d’accord avec un chasseur-sortant, celui de la découverte du territoire avec ses hauts et ses bas, celui des premiers « frottements » avec un voisin, avec le monde agricole, les promeneurs, les randonneurs, le FIDS 67 et ses alertes, voire mises en demeures, la FDC 67, sa politique d’attribution des C3, le Cyné’Portail et l’obligation déclarative des prises. Eh oui, chasser n’est pas que goûter aux joies de la nature, au bonheur de vivre et partager des émotions. La liste des obligations, est longue et fait que notre activité est la plus contrainte parmi celles de plein air.
Gérer-administrer un territoire, tenir les troupes, régler les conflits divers et variés, remplir les obligations, planifier-organiser les battues, avec l’épée de Damoclès de la responsabilité au-dessus de sa tête, veiller aux finances, exigent autant de qualités que celles attendues de la part d’un bon chef d’entreprise, alors que la chasse est perçue par grand nombre de détracteurs comme un loisir.
Alors lorsque viennent s’ajouter à tous ces devoirs « des petits rien », voire des situations conflictuelles, sans rapports avec les incontournables d’un patron de chasse, faut-il s’étonner que le doute puisse s’installer sur le sens de toute cette implication, sur le fait de donner à charge de son temps à la nature, sur le « à quoi bon ».
Du temps de la corne d’abondance de la chasse alsacienne jusque dans les années soixante du siècle dernier, les planètes étaient alignées, le monde agricole était acteur de la chasse, partie prenante et la civilisation des loisirs commençait à peine à venir dans les campagnes et les forêts.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, l’agriculture vivrière est devenue entrepreneuriale avec des emprunts à rembourser, s’est habituée aux déserts cynégétiques en plaine avec le changement de générations, ne voit que trop souvent le gibier comme un facteur de dégâts, même s’il reste des exploitants heureux de verser « une part des anges » aux animaux sauvages, sans déclarer des dégâts, estimant que le gibier a un droit à la nourriture. Si,si, j’en connais, d’accord un seul !
Par contre, si tout le monde sait qu’on est agriculteur seulement que si l’on sait pleurer, les complaintes envers le chasseur gagnent semble-t-il de plus en plus de terrain chez certains d’entre eux. Nous ne sommes sans doute pas les seuls sur notre territoire à devoir faire face à l’expression de l’insatisfaction au regard d’implantations de miradors. D’un côté, il nous faut « surveiller » de nuit les champs à partir d’installations fixes à hauteur de 2 mètres pour protéger les intérêts du monde agricole et de l’autre côté, les échelles souvent provisoires implantées à bon escient dérangent certains. Le plus souvent, l’argumentaire relève de la mauvaise fois, surtout lorsque le mirador est installé au-dessus d’un fossé pour justement ne pas déranger le passage des engins agricoles, ni l’exploitation du champ. Oui, mais il empêche le girobroyage des herbes poussées dans le lit du fossé... Que la kanzel soit là pour empêcher les dégâts sur son champ n’est pas le sujet, « ça me dérange et de toute façon vous ne tirez pas de sangliers ». Que le fossé soit géré et entretenu par l’association foncière n’est pour lui pas un argument non plus. Quant à nous accompagner une nuit pour se rendre compte « de visu » de notre mission, ça ne lui convient pas non plus, il « préfère dormir »...
Critiquer, dénigrer, contester, à l’exemple de notre démocratie française mal en point, est aujourd’hui un sport national, écouter l’autre, contribuer à apporter les bonnes réponses, respecter des droits ou l’autorité semblent devenir pour l’homme du nouveau monde autant d’actes que son individualisme exacerbé récuse. Dans ce contexte sociétal frappant la relation des uns aux autres, le chasseur n’est de loin pas épargné, puisque la tendance est aussi de remettre en cause sa légitimité, à l’image de ce deuxième exemple. Il est 22H début août, vous êtes sur un mirador en sortie de village, vous espérez croiser un renard ou un brocard, bref, vous êtes à l’affût par une belle soirée chaude d’été. Arrive, malgré l’heure tardive, une promeneuse avec deux chiens en libertés, contrairement à l’arrêté municipal rappelé par un panneau à la sortie du village. Garde assermenté, vous osez faire un rappel à la loi. Mauvaise pioche. Il vous est reproché avec véhémence votre présence armée en période de fermeture de la chasse, celle-ci n’ouvrant selon elle que le 23 août, (parole de Google consulté sur place) et comme la dame connaît les textes, elle ira rapporter l’infraction à des connaissances bien placées et signalera en mairie le manquement à l’obligation de poser une signalétique à l’entrée des chemins… Evidemment toute réponse allant dans le sens de notre droit le plus strict d’être présent sans panneaux de signalement ou veste fluo est peine perdue.
Dans ce quotidien, où se côtoient préjugés, mauvaise foi, infractions, incivilités, oppositions idéologiques, nous avons pourtant les armes pour justifier notre activité, mais nous avons le tort de tout simplement ne plus être désiré, de ne plus être écouté pour faire consensus. Nous gênons une partie du monde agricole, comme les directives européennes le font en matière de protection de l’environnement, mais nous payons, indemnisons. Nous dérangeons l’explosion du loisir, du temps libre et donc l’usage de la nature et son accès.
Pourtant, si on regarde de près les textes ou réglementations, il nous serait aisé avec le monde agricole, propriétaire le plus souvent des voies d’accès aux champs, de fermer les chemins ruraux à toute personne n’ayant droit de s’y trouver. La commune de Vendenheim dans son bulletin municipal, face aux incivilités répétées et dénoncées par les agriculteurs a eu le courage de faire un rappel à ses concitoyens allant dans ce sens : « Mesdames, messieurs, sachez que quand vous vous promenez sur les chemins de l’Association Foncière vous êtes sur une propriété privée. Ce n’est pas du domaine publique et les agriculteurs sont chez eux »… En plaine, l’heure reste partout encore à la libre circulation, alors que rien n’empêcherait de mettre un terme à cette tolérance installée par l’usage. L’ONF franchit de plus en plus le pas de l’interdiction de passage sur les sentiers forestiers domaniaux, au nom de la quiétude de ses sites. Si une telle mesure paraît inimaginable en sites communaux, il n’est pas utopique, d’attendre a minima un appui fort des municipalités, pour combattre les abus, pour mettre en place des mesures susceptibles de faire respecter les arrêtés mis en place, notamment auprès de ceux qui cherchent par militantisme ou autre à perturber la vie des chasseurs. C'est doublement de l'intérêt des communes, car les associations foncières qui ont la charge de l'entretien des chemins d'exploitation en tant que propriétaires, pourraient très bien refiler cette lourde charge financière aux maires. Il suffirait qu'elles accordent un droit de passage public sur leurs voies privées en lieu et place de la tolérance silencieuse installée au fil des années et l'affaire serait pliée..."
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