Le texte de la pétition de décembre dernier de la Fédération des Chasseurs du Haut-Rhin a fait réagir le Parc naturel régional des Ballons des Vosges et plutôt bondir Alsace Nature. Je reviendrai plus explicitement sur le sujet dans mon prochain billet "dans l’œil du viseur" de notre trimestriel Infos'Chasse 67... Le titre parle de lui-même : "Coupe, baby, coupe contre "nous sommes, le chêne, le cerf,l'oiseau"...
Maintenant, pour ce qui est du contenu du texte de la pétition, il a un mérite, celui d'avoir fait sortir les loups du bois et poussé les uns et les autres à prendre position sur le débat forêt avec ou sans gibier, notamment chassé. Sur son site Alsace Nature a ainsi publié une réponse à la FDC 68, à ce qu"elle appelle des "contre vérités au service d'intérêts particuliers".
Dans ce billet du jour, je retiendrai, juste un passage, celui rappelant la réintroduction du cerf, du daim et du chamois au profit de l'intérêt particulier de la chasse et aujourd'hui au détriment du "renouvellement naturel de la forêt et de la biodiversité forestière". Une première remarque, derrière chaque lot de chasse, il y a un bailleur avec un loyer. Pour garder le terme de "profit", il est donc au moins partagé depuis des décennies par le chasseur avec une commune ou l'ONF et cela au prix fort avec un revenu annuel fixe, stable, sécurisé. Ce n'est pas par hasard que certaines communes ont fait et font encore le choix de la rentrée d'argent par la chasse plutôt que par le bois.
Mais là n'est pas mon propos principal, il est dans l'approche que chacun peut faire ou dire par rapport à ce qu'il veut démontrer. Dans le Haut-Rhin, introductions et diversification de souches génétiques est mise au banc par Alsace Nature. Si aujourd'hui, les opérations de lâchers étaient renouvelées comme il y a deux cents ans ou un siècle, par perte de biodiversité, on parlerait de "Rewilding", soit de "réensauvagement" en français. Ainsi si dans la réserve intégrale du Lauvitel de 689 ha, situé dans le parc des Ecrins, sur les hauteurs de Bourg d'Oisans, la référence expérimentale en France d'un retour à la nature, il y a présence de bouquetins c'est bien grâce aux réintroductions et lâchers successifs. Là tout comme pour le chamois, rien à redire, c'est loué par les défenseurs de la nature, car la zone est tout simplement sans chasse et que l'espoir est dans le retour du loup.
https://www.ecrins-parcnational.fr/thematique/reserve-integrale-du-lauvitel
Alsace Nature avec ses militants fait partie de la meute des organisations qui veulent l'abandon de l'exploitation animale sauvage par l'homme, soit de la chasse. Dans sa réponse au texte de la pétition, l'association saisit forcément l'opportunité de décrier le chasseur, on ne peut lui en vouloir, elle joue son rôle à l'exception du ton un peu sarcastique qui ne sent pas le grand amour avec la Fédération du 68. Sans le dire toutefois, elle fait partie des "réensauvageurs" engagés pour un retour à une nature libérée de l'homme et avec une faune régulée par les prédateurs, réintroduits, transportés ou itinérants. C'est une idéologie inspirée d'Aldo Leopold, souvent cité sur le blog et qui militait au siècle dernier pour le sauvage aux Etats-Unis, pays des grands espaces, contrairement à notre petite France où "partir huit jours à cheval dans la nature sans rencontrer trace de civilisation", définition de la nature sauvage d'Aldo Leopold, peut être oublié.
Ce qu'Alsace Nature et tous ceux qui s'inspirent de son travail semblent toutefois oublier c'est qu'Aldo Leopold est resté un passionné de chasse toute sa vie et militait pour les deux causes, la nature sauvage et la pratique de la.chasse.
Enfin, pour terminer, en complément le YouTube de Richard sur Terre et son point de vue autour de la pétition
« une action est juste, quand elle a pour but de préserver l'intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est répréhensible quand elle a un autre but. » Aldo Leopold
(communauté biotique= ensemble des êtres vivants qui compose un écosystème)