Il n'y aura sans doute que moi qui sera interrogatif ou plutôt dubitatif, quand notre monde de la chasse lira dans l'Infos'Chasse de ce mois et plus particulièrement dans le rapport moral du président de la FDC 67 que la "chasse silencieuse, affût et pirsch, pendant l'été font partie de nos richesses locales que nous envient et copient de nombreux départements de l'intérieur. En contradiction avec notre Schéma Départemental, la réduction du nombre de postes d'agrainage voire leur disparition qui se profile, serait une atteinte directe contre nos traditions locales de chasse silencieuse estivale".
En clair, il a été mis dans la balance par les tenants du sanglier une tradition pour justifier le maintien de l'agrainage en forêts, dans le nouveau schéma cynégétique signé en juillet 2012 avec le Préfet.
Alloh, j'hallucine quoi", ce serait par simple respect de nos "traditions locales que le plan d'agrainage a été approuvé, ce qui veut dire qu'on a balayé d'un trait de crayon la circulaire NKM, le PNMS et l'échec de la gestion par l'agrainage des sangliers en forêt ?
J'ai entendu beaucoup d'explications de l'ensemble des protagonistes pour justifier l'agrainage, mais là j'ai le sentiment de vivre la version chasse du film "un dîner de cons" !
Prenons, la "vérité des faits", soit les chiffres issus des statistiques de la Direction Départementale de la Protection des Populations du Bas-Rhin (DDPP67), en charge du suivi de la peste porcine en zone nord du département. Ont été tirés de janvier à décembre :
en 2005 : 5850 sangliers dont 1610 entre mai et août
en 2006 : 6028 sangliers dont 1521 entre mai et août
en 2007 : 8264 sangliers dont 1959 entre mai et août
en 2008 : 11285 sangliers dont 2653 entre mai et août
en 2009 : 9203 sangliers dont 2078 entre mai et août
en 2010 : 8822 sangliers dont 2032 entre mai et août
en 2011 : 7359 sangliers dont 1600 entre mai et août
en 2012 : 7383 sangliers dont 1750 entre mai et août
Si à ces chiffres de tir d'été vous enlevez les tirs de nuit faits par les "plainards" en tir dissuasif et que seuls connaissent les services de la Direction Départementale des Territoires, le nombre est encore moins élevé. En tout cas, on est loin des 50/50 de sangliers tirés en battue et à l'affût, comme le faisait croire le Schéma.
Si vous prenez le nombre de postes fixes recensés en forêts communales et domaniales et toutes les zones en linéaire, cela fait peu de sangliers tirés par rapport à l'offre de "chasse appât".
Si vous prenez le nombre de "partenaires" que personne ne connaît réellement entre les bidouillés et les officiels et le nombre de lots de chasse en forêt, peu de chasseurs semblent au final recourir en zone nord à la "tradition".
Non, s'il y a un argument à défendre pour justifier le recours à l'agrainage, ce n'est pour moi certainement pas celui-là. D'ailleurs, existe-t-il vraiment des arguments pour justifier la pratique de l'agrainage tel que nous l'appliquons grâce au consensus "agriculteurs-institutionnels et chasseurs" ? Les deux fichiers joints permettent a minima de s'interroger. A chacun de juger de l'usage ou de la pertinence de l'agrainage au regard de notre situation locale qui n'a fait qu'empirer en terme de densités et de dégâts depuis les années 90.
Si vraiment on veut s'appuyer sur nos "traditions ancestrales", tout en tenant compte de la réalité et de l'obligation d'agir en faveur de l'équilibre agro-cynégétique, ce sont d'autres arguments et préconisations qu'il faut avancer.
J'avais lors de l'élaboration du nouveau Schéma Cynégétique, au titre d'une réflexion avec les membres de l'Union Cynégétique d'Alsace, formulé un certain nombre de propositions de réformes du système (cf pj 3) . Hélas aucun débat contradictoire n'a eu lieu, faute de volonté de revoir tout simplement la copie pour ne pas aller contre la "tradition" qui voulait l'agrainage à tout prix...
Aujourd'hui, le terrain est en passe de faire exploser "la bulle" de l'agrainage qui, si l'on reste honnête, n'a jamais été défendable. Le seul argument qui plaide encore à son maintien sous la forme actuelle, c'est la surdensité de sanglier au regard de la capacité d'accueil. Donc sans réduction drastique au préalable par la forêt au niveau de trois sangliers matures/cent hectares en fin de saison de chasse, l'agrainage ne peut être ramené à la chasse appât et à la dissuasion pendant les périodes "chaudes" des cultures.
Ce n'est pas encore pour demain, mais je veux bien me tromper.
L'agrainage en question par l'ANCGG
analyse de l'agrainage de tir
Propositions faites en son temps par l'UCA
« Les mensonges deviennent vérité quand les gens veulent savoir »