A partir du 1er avril, 12 années de régulation du grand gibier vont attendre les heureux locataires des chasses domaniales françaises, sur la base du plan de chasse établi par l'O.N.F. pour parvenir à l'objectif unique : l'équilibre sylvo cynégétique, seul outil "permettant la régénération naturelle et artificielle des peuplements forestiers", selon l'Administration.
Terminé le temps des clôtures protégeant la croissance des arbres, c'est la "poudre" qui va remplacer grillages et poteaux . Autant dire que tout un chacun devra avoir comme livre de chevet le document de mai 2015 de l'O.N.F. regroupant les "Textes essentiels" sur l'exercice de la chasse en forêt domaniale, s'il ne veut aller vers de graves désillusions.
Quatre vingt dix pages de réglementations, plus de quarante concernant le quotidien du chasseur. Autant dire que tout a été pensé, prévu pour "responsabiliser" le locataire et le mettre face à son "obligation de résultat".
Deux cas de figure vont petit à petit se dessiner dans la gestion cynégétique des forêts. D'un côté on aura les "bons élèves" avec ceux qui réaliseront les plans de tir au-delà du minimum, avec au bout une prime financière sous forme de réduction du prix du bail et de l'autre les "mauvais élèves" et toute une palette de mesures coercitives pour mettre à pied ceux qui freinent encore l'avènement de l'équilibre sylvo cynégétique.
Je suis curieux de voir comment réagiront certains locataires lorsque l'ONF leur annoncera que faute de réalisation du plan de chasse (cf le point des tirs 50 jours avant la fermeture), leurs bracelets seront à rendre pour les attribuer à des chasseurs extérieurs ? Idem, lorsque la facture des dégâts forestiers sera présentée, en cas de non réalisation des minimas, sans compter la "prime" supplémentaire de 30% à payer pour "carence" de gestion.
N'en déplaise aux défenseurs de la gestion du cerf par le vieillissement des trophées ou à ceux qui élèvent le cerf en rempart à la maladie de lyme du fait de sa capacité à libérer les tiques de leur charge en Borrelia burgdorferi, la messe est dite comme pour le Grand Contournement Ouest de Strasbourg. N'oublions pas, il convient de rendre la forêt productive pour sortir l'ONF du rouge, faire tourner les machines à bois, les usines et le bâtiment.
Le politique a choisi, d'autant plus que les forêts à chasser ont retrouvé preneurs, sans trop de réduction de prix, grâce au gré à gré, à l'intox et la rivalité des chasseurs. Alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin et pourquoi ne pas rajouter une couche avec l'idée de mettre en place des battues administratives de cervidés ?...