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Je ne sais si c'est "l'avancée en âge", pour ne pas dire de façon plus directe, la vieillesse, ou si c'est dans l'air du temps, pourtant (trop) agréablement printanier en cette période, en tout cas, le ressenti actuel de beaucoup de personnes de la génération dite de "l'après-guerre" tend de plus en plus à l'amertume, à l'envie de laisser filer. Beaucoup d'entre nous ont certainement entendu nos parents, grands parents, vers la fin de leur vie, exprimer leur nostalgie du passé, par cette phrase empreinte de ras-le-bol, "yoh, es esch némi schén", la vie n'est plus belle. Pourtant, contrairement à notre "silver generation", ils avaient connu la guerre, les guerres, la reconstruction, pour finir avec ce qu'on a  appelé, les trente glorieuses ou les années bonheur selon Patrick Sébastien ! Pourtant, le passé de l'incertitude du quotidien, de la peine, de la souffrance et des sacrifices leur paraissait mieux. C'était pour nous, cette génération du chauffage central, de l'auto, du confort, de la télé, des vacances, peu privée, difficilement compréhensible.

Aujourd'hui, je comprends et à mon tour, je suis pris dans la nasse du sentiment d'être face à une société qui fait tout faux pour rendre la vie belle. De mes cours de philo, ils restent quelques images clés ou chocs, j'entends et je vois encore aujourd'hui, notre jésuite de prof, qui a si bien su nous ouvrir l'esprit, ressasser Freud et son approche de la frustration. "Frustration, d'où agressivité" plaisait-il à nous répéter, lorsque l'occasion s'y prêtait.

Notre société est une immense machine à fabriquer de la frustration, avec comme synonyme l'échec, le refus, la négation, le rejet, la fin de non recevoir, l'insatisfaction, l'autisme social, autant d'ingrédients pour déclencher la révolte, l'agressivité ou la résignation à force d'être "bashé". Vous ajoutez encore à la liste, le culte de l'argent ou de la possession et le cocktail explosif de la société à côté de ses pompes est complet.

Nos politiques pourront faire autant de Grands Débats qu'ils veulent ou nos Gilets Jaunes de RIC, au bout, il restera toujours la frustration, à plus ou moins courte ou longue échéance pour un paquet de "gens". L'homo erectus c'est deux millions d'années, mais la somme des êtres n'a jamais été fichue à travers le temps des siècles de créer une humanité, au point que certains animaux en ont plus que certains hommes. Puisque nous sommes tous différents, la nature humaine l'est aussi, mais ni les religions, les croyances, les appartenances, les cultures, les guerres, les leçons du passé et de nos erreurs n'ont à travers les années réussi à faire émerger la bonne recette pour sceller des unions durables entre nations et peuples, capable d'amener l'homo devenu sapiens vers le bonheur collectif, planétaire.

Plus le monde avance, plus il se rapproche de sa destruction. Ne serait la géniale rustine, le paratonnerre indispensable, l'antidote suprême nommé distraction, qui au fil du temps est devenue une industrie incontournable dans toutes les sociétés pour tenir les hommes en pression suffisamment basse, sur la base de la recette aussi vieille que l'empire romain, "panem et circenses", les grognes virulentes seraient quotidiennes. L'oppression des peuples fomente la frustration, soit la révolte, alors à choisir entre les chars et les jeux, la Chine par exemple a préféré Macao à Tian'anmen et conduire le peuple à la société de consommation, l'URSS Coca-Cola au mur de Berlin et bientôt peut être la Corée du Nord Trump à l'arsenal nucléaire.

Hélas, des Docteurs Folamour il y en aura toujours un pour s'éveiller quelque part, au Pakistan, en Inde, en Iran, au Proche Orient  ou ailleurs à travers le monde du terrorisme ou du nationalisme."Yahhooo", hurlait dans le film le Major Kong chevauchant la bombe nucléaire pour exploser la Russie. Mais le grand danger est-il vraiment dans la nucléarisation et la folie humaine ? Jusqu'à présent, le jeu du "je te tiens, tu me tiens" a servi de garde fou et porte un nom, la dissuasion nucléaire qui fait craindre à l'autre d'en prendre plein la gueule également, en cas d'attaque. L'apocalypse nucléaire n'est donc a priori, now.

Pour autant, l'apocalypse reste plus que menaçante,  nous y galopons même à très grande vitesse, son nom, le dérèglement. Si aujourd'hui l'homme va allègrement vers la destruction de la nature, c'est que là il n'existe d'arme de dissuasion pour freiner la folie, par contre il dispose d'une arme de destruction massive tout aussi dangereuse que le nucléaire : le machinisme. Combien de temps aurait-il fallu à l'homme de la pelle et de la pioche, de la hache et de la scie pour sortir de terre un Grand Contournement Ouest de Strasbourg, sur 24 kms de bitume et de béton avec deux viaducs de hauteur et longueur vertigineuses ? Combien de temps aurait-il fallu à mes quelques agriculteurs pour dézinguer manuellement haies, arbres et arbustes sur toute notre chasse et chasser de leurs fonciers la biodiversité pour lui substituer les entrants chimiques au mépris des textes sur l'entretien des cours d'eau et la pollution de l'eau ? L'auraient-ils seulement fait face à la pénibilité de la tache ? En vingt ans, l'homme moderne a produit autant de CO2 qu'en deux cents ans.  D'un certain équilibre nature/homme, nous sommes passés à la rupture en très peu d'années par l'artificialisation des terres et les pollutions qui vont de paire. Sur toute la planète, les voyants terre/air/mers clignotent rouge et en face comme espoir d'une réelle prise de conscience, nous avons tout juste une gamine suédoise de seize ans à peine à leur opposer. C'est un peu exagéré, j'avoue, partout dans le monde des actions positives sont menées, mais leur ampleur reste une goutte d'eau dans l'océan des atteintes à l'intégrité des sols, des eaux et de l'air. Tout le monde ou presque est par exemple d'accord pour contester l'artificialisation des terres, mais lorsque le chèque est conséquent ? "Ce que tu ne peux obtenir avec de l'argent, tu l'atteins avec beaucoup d'argent" disait un roi du BTP allemand du Pays de Bade, la formule reste d'actualité. L'écologie est certes devenue pour une part immense de citoyens  une valeur fondamentale à défendre. Le hic, comme disait Mihaïl Emanescu, "c'est que la valeur est toute relative, car chacun mesure en fonction de ses propres intérêts"... .

"La nature parle, mais le monde humain n'écoute pas" disait déjà Victor Hugo, que voulez-vous encore ajouter aujourd'hui pour que les décideurs fassent. Si seulement la pollution portait une couleur rose, il n'y aurait plus de discussion sur sa présence invasive et ses effets, si seulement le ver de terre pouvait hurler sa douleur lorsqu'il crève dans le champ de l'agriculteur, si seulement le hérisson entrait dans les oreilles des conducteurs lorsqu'ils lui passent dessus, si seulement le dauphin pouvait dans son dernier souffle sur le chalutier de pêche parler à l'oreille du pêcheur et du consommateur, si seulement l'homme était confronté auditivement aux embûches de la migration des oiseaux, à la mort de faim des oisillons par manque d'insectes, il n'en dormirait plus, si seulement... la liste est interminable. Le drame de la destruction de la nature c'est qu'elle se passe dans le silence de ses destructeurs.

A côté de cela, vous avez la Présidente de la FDSEA, lassée des critiques de l'agriculture, qui a semaine dernière avant l'ouverture du salon de l'agriculture lancé un nouveau mot d'ordre,  l'agri-acting, face à ce qu'elle appelle l'agri-bashing. Eh bien n'en déplaise, même si elle s'appuie sur 85% de la population française à opinion positive de l'agriculteur, son milieu professionnel, à part une minorité marginalisée, n'est de loin pas prête à cultiver la vertu cf mon dernier coup de gueule http://www.veillecynegetique67.com/2019/02/monde-agricole-mon-amour.html.

Nous en sommes encore témoin sur notre territoire de chasse et allons donc à notre petit niveau lancer les alertes, notre "bienveillance" contrainte envers le monde agricole et les utilisateurs de la nature comme parc de loisirs, ayant atteint ses limites. Nous avons déjà semaine dernière informé le maire que nous allions entrer dans une phase de refus d'accceptance. A l'image de la FNSEA, nous allons passer du Hunt-bashing, de la part des autres utilisateurs de la nature et des agriculteurs au Hunt-acting. En clair, comme le colibri, nous allons "faire notre part", avec un gros risque de retour de bâton et dénoncer tout ce qui relève de l'entrave de la chasse, démontrer que son exercice et sa gestion est dans les conditions actuelles de destruction de biotopes impossibles, demander à la commune de choisir entre la chasse et la non chasse.

Par la suite, en fonction des évolutions, nous verrons s'il y a lieu d'impliquer l'ensemble des parties prenantes, Fédération des chasseurs, Fonds d'Indemnisation, ONCFS, Direction des Territoires, LPO, Alsace Nature, les Dernières Nouvelles d'Alsace. En tout cas, pour nous le temps est venu de plaider, "en famille", le dossier de la "privation de la possibilité de chasser".

Yahooo !

"Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. » Légende amérindienne

" je crois que l'espèce humaine s'éteindra un jour sur le tas d'ordures qu'elle aura créée, éliminant ou polluant peu à peu tout ce qui est indispensable à sa survie (eau, terre, lumière, air). Quel animal serait assez idiot pour épuiser les ressources dont il a besoin pour survivre ? "

Tag(s) : #Billet d'humeur, #Abolir la chasse, une lutte finale ?
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