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Le dernier numéro d'Infos'Chasse est paru, voir lien, l'heure donc de mettre sur le blog, mon article consacré au plan de chasse chevreuil dans la rubrique "dans l'oeil du viseur" :

"Pour ce premier numéro de 2024, un vrai sujet de chasse, bien concret, concernant tous les territoires de chasse du 67, qui ne fait pas consensus et touche aussi au bureaucratisme, je veux parler du plan de chasse chevreuils, d'autres diront "plan d'abattage".

Le sujet m'est inspiré ou s'est imposé de force à moi par un courriel de l'Administration en décembre dernier me demandant de me mettre en conformité avec la réglementation en matière de réalisation du plan de chasse. En fait, pour la faire courte, il m'est rappelé que je n'ai pas payé et donc retiré les bracelets chevreuils sur un lot.

Petit rappel et contexte

Dès la saison 2022, j'avais fait acte d'insoumission, en payant la totalité des bracelets, mais sans les retirer et en informant par un courriel à la fois la FDC 67 et l'Administration avec l'ensemble des arguments amenant à boycotter les bracelets. J'en avais bien sûr parlé sur le blog, https://www.veillecynegetique67.com/2022/06/decision-de-boycotter-nos-bracelets-chevreuils-subir-ou-agir.html. Depuis 2019,  je ne cessais d'alerter sur un sujet qui concerne beaucoup de chasse en périphérie de villages, la "bordélisation" des territoires avec un accroissement de la pression humaine sur le cycle de vie des animaux, en particulier le chevreuil en milieu ouvert. Ajoutez à cela, la réglementation en matière de sécurité du tir qui interdit les tirs en direction d'infrastructures diverses et variées, souvent très présentes et vous êtes dans la quasi impossibilité de réaliser un plan de chasse.

Comme à l'entame de la saison 2023, les lignes n'avaient pas bougé et qu'aucun débat n'avait vu le jour, j'ai enfoncé le clou et changé mon fusil d'épaule, en prenant les bracelets sur deux lots et en laissant impayé les bracelets sur le lot rendu pour nous inchassable pour le chevreuil, avec notamment entre temps la réalisation d'une deuxième piste cyclable traversant en son milieu tout le lot. Cette décision, en plus, se justifiait puisque dans la demande initiale nous avions sollicité zéro chevreuils et contesté l'attribution imposée d'un brocard et trois chevrettes, sans explications en retour. Ce n'est donc absolument pas de notre fait, si la Fédération se retrouve aujourd'hui avec des bracelets impayés à ce jour.

Sur le fond

que dit notre Schéma Cynégétique ? Le Plan de chasse est construit sur la base d'une tacite reconduction pendant 3 ans, avec possibilité de révision. Le nombre de bracelets est demandé par le détenteur du droit de chasse et soumis pour avis aux principales instances de la chasse. Enfin, les attributions se font sur la règle des 3 tiers, 1/3 de brocards, 2/3 de chevrettes et chevrillards. Mais, "il y a loin de la coupe aux lèvres", car ce système relativement simplifié se heurte depuis toujours à la défiance envers les chasseurs. De fait, les demandes sont souvent non suivies, particulièrement en forêt en ces temps difficiles pour le chevreuil, ce qui aboutit la plupart du temps à ce qu'on appelle en droit civil à un vice de consentement. Le plan de chasse oblige le locataire à réaliser un certain nombre de tirs, mais le contrat entre lui et l'autorité supérieure est généralement unilatéral et n’aboutit à un consensus, dans la mesure où il ne répond à la demande initiale de bracelets, annulée par l’Administration.

Le décor du remake du "dîner de cons" est ainsi parfaitement dessiné et si on remonte dans le temps, ce sont toujours les mêmes attributions, en tout cas en milieu ouvert et vraisemblablement les mêmes résultats d'exécution qui apparaissent, avec une bonne partie de tirs existants uniquement sur le papier ! Comme le dit un dicton allemand "il n'est jamais autant menti qu'avant le mariage et après la chasse" ! Le nouveau système triennal de reconduction ne fait que confirmer  le "marché de dupes" installé depuis des lustres autour des plans de chasse chevreuils et les contraintes mises en place par l'ONF sur les domaniales ou "soufflées" aux communes pour mieux contrôler le "bidule" n'y changeront rien.

Dans ce sens, la question de la pertinence d'un plan de chasse se pose forcément, surtout si on va plus loin dans la réflexion, comme par exemple sur la justesse des densités annoncées dans les demandes. En milieu ouvert on peut espérer un comptage réel des cheptels présents sur un territoire, du moins l'attendre, car il est aisé d'observer les hardes en janvier-février, donc de les compter et déterminer le ratio mâles-femelles. En milieu fermé par contre, à en croire un principe d'anciens, "la densité de chevreuils ne peut se compter en forêt". Cette vérité est d'autant plus crédible aujourd'hui que les territoires ne sont plus que rarement sous la surveillance de gardes professionnels dehors en permanence. Comme en plus l'objectif n'est pas forcément d'établir des données le plus exact possible, mais d'obtenir un certain nombres de bracelets brocards selon le nombre de partenaires, les relevés peuvent très vite s'écarter du réel.

Ainsi, pour cause de défiance évoquée, le détenteur du lot de chasse n'a pratiquement aucun impact sur les décisions d'attribution et parce qu'au fil du temps, des usines à gaz ont été imaginées dans les bureaux pour contredire les données du chasseur. Elles ont pour nom Indice d'Abroutissement, IK pedestre, IK voiture, Indice Nocturne d'Abondance; Indice de Consommation, Indice d'Abroutissement, Indicateur de Changement Ecologique, Indice de Biodiversité Potentiel, pas moins de 78 pages de notes pour faire le suivi des populations d'ongulés et leurs habitats... Mais au final, on reste dans l'estimation d'un nombre d'animaux et pas dans un comptage, comme il est possible de le faire en plaine,

https://draaf.grand-est.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Fiches_Techniques_ICE_Tot_2015_vf2_bd-1_cle86363d-3.pdf

https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/RevueFS/FauneSauvage271_2006_Art4.pdf

L'autre question qu'on est en droit de se poser aussi, est de savoir sl pour autant l'attribution de bracelets fait chasser le chevreuil avec plus d'intelligence ? La réponse est sans doute non. Il est chassé d'après les obligations reçues qui consiste à abattre un certain nombre d'animaux, peu importe le ratio mâles-femelles, classes-jeunes et chevrettes qui forcément n'est pas le même d'une année sur l'autre. Certaines années la reproduction est forte, d'autres plus faible, certaines années les battues ont été plus meurtrières pour les brocards, d'autres moins, sans parler du lourd tribu impactant la densité que paye le chevreuil aux routes, voire au lynx ou au loup en certains secteurs. Rares sont ceux qui chassent le chevreuil d'après un plan de gestion pour parvenir à une densité qualitative saine, avec comme objectif un brocard pour trois chevrettes, voire deux. On tire, puis on regarde après, si c'est un brocard décoiffé plutôt qu'une vieille chevrette, un chevrillard mâle plutôt que femelle, peu importe, on ferme un bracelet, sur le principe, voulu actuellement du " bon chevreuil est un chevreuil mort". Gérer le chevreuil n'est plus au goût du jour, si jamais cela avait été le cas.

Si on voulait vraiment le faire, y compris sur un plan éthique au regard des massacres des venaisons en battues, le tir du Schmalreh, en français "la jeune chevrette n'ayant pas encore donné naissance", à l'ouverture du brocard serait préconisé depuis longtemps, comme c'est le cas chez nos voisins allemands.

Si on voulait vraiment le faire, la gestion du chevreuil en milieu ouvert serait différente de celle en forêt. Une plaine cultivée peut nourrir sans dégâts plus d'animaux qu'un biotope peu aménagé, exposé à l'abroutissement et les frottis en forêt. Quant à mon problème spécifique, ce n'est pas la gestion des populations qui est en cause, notre échec réside dans l'impossibilité d'accéder aux animaux aux heures légales et en sécurité, ce qui est encore un problème différent.

Une fois ces quelques fondements du problème posé, on fait quoi ? On continue à faire semblant pour maintenir une recette facile dans le budget de la Fédération ? On assigne pour non-respect des articles R.428-13 2°, L.425-6, L.425-11 et L.425-12 du code de l'environnement et on réprime par les art. R.428-13 al.1, R.428-22 et L. 173-7 2° du code de l'environnement et l'article 131-16 1°, 2°, 3°, 4° et 5° du code pénal. ? On supprime le plan de chasse et chaque locataire prend librement un nombre indifférencié de bracelets, on ne change rien en forêt puisque la tendance actuelle est à l'abattage et on respecte la demande de plan de gestion faite par le locataire en milieu ouvert ? On ne fait plus de plan de chasse du tout, à l'image de certains Länder allemands ? Le futur Schéma Cynégétique devra s'emparer du problème d'une manière ou d'une autre.

Quant à l'impossibilité d'accéder aux chevreuils en toute légalité en milieu ouvert et soumis à la pression humaine permanente, pour nous c'est le glissement des bracelets qui apporte la réponse provisoirement et permet de gérer les densités. Mais c'est reculer pour mieux sauter. Là aussi, il va falloir traiter le sujet et ce d'autant plus que les relocations sont passées, si d'aventure l'absence de positionnement des instances ou la "mise sous le tapis" du sujet a été faite pour ne pas mettre en difficultés avant les adjudications un grand nombre de communes face à l'obligation de louer des territoires, alors que le chevreuil et le renard n'y sont plus chassables, au regard de la législation actuelle et de la pression humaine sur la nature. Une option simple serait tout simplement l'allongement d'1H de l'heure légale de tir à partir du 1er novembre au 1er février, ce qui nécessiterait aussi l'autorisation de la visée thermique... Dans le canton de Genève, dans le cadre des opérations de régulation, c'est ce qui est pratiqué".

Tag(s) : #Articles pour Infos'Chasse 67
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