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Il est déjà loin le temps où les premiers "gilets jaunes" ont milité pour une baisse des taxes de l'Etat sur le prix de l'essence. Acte après Acte, soit défilé après défilé à Paris et en Provinces, le mouvement est parti "à vau-l'eau" pour aujourd'hui devenir illisible, créateur d'un climat délétère, opportuniste, vindicatif, une porte ouverte vers la casse ou l'insurrection pour des extrémistes de tous bords, toujours prêts à exploiter la fureur de la rue ou à fomenter le chaos.

Aujourd'hui, le mouvement d'origine a échappé au "petit peuple" sincère, celui en proie aux difficultés du quotidien selon son appartenance sociale, allant de la mère de famille isolée, du chômeur actif aux oubliés de la République ou tous ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois. Arborer un "gilet jaune" est devenu un paravent pour des agitateurs patentés et des politiques en quête de pouvoir personnel. D'un mouvement populaire sans doute sain au départ, on est arrivé à un mouvement infiltré pour permettre à des extrêmes d'avancer masqué vers des revendications politiques visant à renverser l'Etat et ses institutions. Ce type de jeu peut être dangereux et amener les peuples dans une aventure qui très vite peut dépasser les bonnes causes ou les bons sentiments. Le mouvement social des "gilets jaunes" est dorénavant confisqué aux premiers auteurs du mouvement pour devenir un laboratoire d'essai pour tenter de renverser par la rue un pouvoir issu des urnes.

Est-ce surprenant que notre pays vacille actuellement, alors qu'il ne demande qu'à aller bien et qu'il en a les moyens ? La réponse est clairement non. Depuis quelques années la France, plutôt, une partie de son peuple,  a un gros problème avec tout ce qui relève de l'autorité. Des piliers essentiels du vivre bien ensemble s'érodent petit à petit depuis une trentaine d'années : l'autorité parentale, l'autorité du corps enseignant, l'autorité policière, l'autorité du commandement, avec les irrespects qui peuvent en découler au quotidien. A force, rien d'étonnant que la contestation devienne reine, un mode de vie nouveau. On peut toujours débattre, mais tomber d'accord avec des fronts du refus qui cherchent à prendre la place du calife est une autre histoire. Dans ce sens, il faut craindre que le "Grand débat National" à venir ne se transforme en fiasco national par manque de fixation préalable d'un but commun aux intervenants, comment mieux diriger "un pays où il existe 258 variétés de fromages" et de détermination d'objectifs pour y parvenir ? 

Ah le pouvoir carriériste et l'argent, que ne nous empoisonnent-ils pas la vie. Espérer faire d'individus des frères est illusion, rêve utopique depuis que la civilisation humaine s'est aperçue que "l'homme est un loup pour l'homme".

Beaucoup de nos révolutionnaires en jaune envoyés dorénavant dans la rue par les idées politiques de ceux qui les y poussent  veulent imposer, comme le Graal absolu, la démocratie directe. "Ah ça ira, ça ira, ça ira" chantaient les "sans culottes" en 1790. Certes, l'aristocrate a été pendu, l'espoir a fait vivre, mais entre guerre civile et guerres contre l'étranger entre la Révolution et l'Empire c'est des centaines de milliers de morts. "Ça ira, ça ira, ça ira", on peut s'en convaincre, mais en un rien de temps, la France révolutionnaire est  passée du chant aux pleurs et pour de nombreuses années.

Exercer directement le pouvoir, sur fond d'initiative populaire et tordre le cou au régime représentatif a toujours séduit l'humanité à travers le temps et le monde. A l'échelle du village d'Astérix et Obélix, pas de problème, du Liechtenstein actuellement ou de la Suisse, toujours ok, mais quel que soit le système politique, lors d'une prise de décision il y aura toujours des camps gagnants et des camps perdants. Le tout est de savoir si tout le monde est prêt à accepter ce que le vainqueur demandera d'appliquer. Peu importe le nom que pourront porter les dispositifs de démocratie directe, "sections", "comités populaires", soviets" "Podemos" "Indignés" "nuit debout", "Ma voix" pour permettre au peuple de commander et au politique d'obéir, l'histoire finira sans doute mal avec des leaders plus ou moins éclairés pendant un certain temps plus ou moins court ou long. L'histoire est jalonnée d'exemples, de Robespierre à Kadhafi en passant par des Staline et jamais pour le bonheur de tout le peuple, toujours pour une "élite".

La Révolution nous a donné des acquis pour agir sur le politique :

  • tous les citoyens ont  le droit de proposer des lois ("Article VI de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :

La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse."

  • tous les citoyens sont libres de s'exprimer  (Article XI de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :

"La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme :
Tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi."

  • tous les citoyens ont le droit de contrôler le bon usage des deniers publics ("Article XIV de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :

Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée."

Si aujourd'hui nos représentants et nos hommes à la tête de l'Etat, du Président aux Hauts fonctionnaires ont droit à des reproches justifiés du peuple c'est sans conteste sur les articles XI et XIV. Pour le reste nous avons partout des corps intermédiaires et l'interpellation écrite par lettre ou courriel de la Présidence de la République pour réveiller les bonnes consciences. Evidemment, il faut un peu de patience pour aboutir à des résultats, mais dans le texte c'est possible. L'obstacle c'est qu'aujourd'hui un paquet de personnes vit à l'ère du clic, soit dans le  "hic et nunc" et veut la réponse immédiate à ses revendications. L'ennui c'est qu'aujourd'hui nous vivons avec "des influenceurs" en tous genres Le gros hic, c'est que pour qu'une idée de démocratie directe puisse fonctionner il faudrait que derrière chaque expression il y ait des personnes de raison qui je rappelle est "la faculté qui nous rend capable de considérer les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, en faisant abstraction de nos préjugés, de nos intérêts, de nos sentiments"... Avec ce que l'on peut voir et lire, autant dire que "nous ne sommes pas rendus" !

http://www.veillecynegetique67.com/2018/11/gilets-jaunes-le-reflet-d-une-evidence-pour-tous-sauf-pour-le-pouvoir.html

Depuis des décennies les politiques appuient leur élection sur l'Etat Providence et la grandeur passée de la France au mépris de la Realpolitik. Alors on prend d'une main pour donner à l'autre, on taxe l'argent dont l'économie et l'emploi ont besoin, on vit à crédit dans l'espoir d'une croissance qui ne vient plus en France, mais chez nos voisins, on joue les "gendarmes du monde" avec des milliards qui nous manquent par ailleurs, on provoque à force de tromperie ou promesses non tenues, la désillusion, le vote contestataire, l’abstention, le ras-le-bol, la fronde.

Depuis des décennies les élus  demandent au peuple des sacrifices qu'eux-mêmes font à reculons, sous prétexte que pour avoir de l'intégrité en politique et non de la magouille, il faut verser des gros salaires et disposer d'avantages liés à la fonction. On fait croire aux "idiots utiles" pour qui nous sommes pris que la suppression du "millefeuille administratif" de Hollande est une économie, que le Sénateur est incontournable, que le nombre de représentants au Parlement  aide à la proximité de l'élu avec les électeurs, que l'Etat doit être omniprésent avec des cohortes de fonctionnaires protégés, qu'un ancien Président de la République doit avoir un statut spécial de retraité, que, que, que, la liste peut être longue comparée au train de vie d'élus scandinaves ou de notre voisine Angela. https://videos-mdr.com/en-norvege-le-ministre-cherche-ses-enfants-a-lecole-a-15h-et-vit-comme-tout-le-monde/

Cerner les priorités et les moyens au regard du train de vie et des fonctions prioritaires de l'Etat régalien, supprimer tout le "bling-bling" qui n'a plus lieu d'être des bâtiments de l'Elysée à Matignon, selon le principe que ce ne sont pas les bâtiments mais l'homme qui fait la grandeur d'un pays, contractualiser des services avec le privé à chaque fois que possible ou que la pertinence est avérée, en finir avec les pouvoirs oligarchiques, voilà quelques objectifs à retenir et à atteindre pour faire du bien à la démocratie représentative.

"Moraliser" la vie publique, mieux utiliser l'argent des impôts et optimiser les services publiques, les enjeux du futur sont là, pas dans l'aventure de la démocratie directe vendue actuellement.

Tag(s) : #Société
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