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Le 7 juin prochain, le Fonds Alsacien pour la Restauration des Biotopes (FARB), sous l'égide de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin, organise une soirée inédite dans sa forme, débat-dîner gastronomique, avec comme guest stars, Thierry Coste pour la chasse et des chefs étoilés locaux pour la partie gastronomique. Organisé en plein air au Camp David Crockett de l'association des Piégeurs du 67 à Kolbsheim, le moins qu'on puisse dire est que le sujet est ambitieux, passionnant, bien dans l'air du temps. Pas sûr que la soirée suffira pour parvenir à dépasser le yaka-faukon et parvenir à dresser une liste de solutions réalistes pour parvenir à la chasse de demain, notamment dans notre cadre particulier de la loi locale.
Le débat n'est pas nouveau, pour ne pas remonter trop loin dans le temps, c'était déjà une préoccupation de Gilbert de Turckheim, ancien Président de notre Fédération et de la FACE, mais avec la montée des anti-chasse, ce n'est plus une question de réforme qui se pose, mais tout simplement de survie. Maintenant, "faire une révolution culturelle" à la limite est à la portée de tout démagogue, mais parvenir à un nouveau cadre législatif de la chasse relève d'une autre paire de manche, car c'est par le Parlement que la chasse de demain devra se faire. Et là autant dire que rien ne se fera, tant les préoccupations du pays et de ses représentants sont ailleurs. Et si un projet de loi devait voir le jour, il risque de venir des oppositions à la survie de la chasse.
Il n'en reste pas moins que si la chasse veut survivre, il faudra que l'ensemble de ses adhérents accepte que ce qui hier était normal, acceptable, ne l'est plus aujourd'hui. Tuer n'était pas un sujet, encore moins l'aspect cruel qui pouvait en découler. Aujourd'hui, nous sommes face au "Bambisme" qui nous met en pleine figure la souffrance animale partie des pratiques contestées de l'élevage agricole sous toutes ses formes pour parvenir à la pratique de la chasse, notamment à cor et à cri. Dès lors, lâchers de gibiers de tir devront par exemple être revus pour ne pas dire abandonnés.
Dans le même ordre d'esprit, il est reproché à la chasse son aspect loisir et plaisir. Or chasser n'est pas systématiquement prélever et encore moins s'amuser. Comme le disait Blaise Pascal, "la quête vaut mieux que la prise" et l'éthique veut que l'animal "puisse toujours jouer sa partie". Dans ce sens, se pose forcément la question du tir aux places d'agrainage, notamment du chevreuil, voire du cervidé.
Dans le même sens, le dessus pris au fil du temps par la battue sur la chasse individuelle dans la gestion des espèces et la réalisation des plans ce chasse, nous éloigne toujours plus de ce qui faisait notre éthique et notre force, le respect de l'animal, de sa biologie et éthologie. Comme le disait Gilbert de Türckheim ,".la chasse silencieuse et individuelle conduisent à des prélèvements doux et des techniques de chasse peu brutales". Aux yeux de nos détracteurs et du grand public, battue est par contre synonyme de tuerie de week-end et non d'une gestion quantitative, qualitative et éthique. C'est sans doute là le point d'achoppement le plus sérieux à résoudre, notamment en France de l'intérieur, comme nous disons. Les chasseurs sont-ils volontairement prêts à revoir leur logiciel de la pratique de la chasse qui pour le grand gibier repose traditionnellement sur la traque hivernale répétée à partir d'octobre jusque fin février ? Certainement pas, les arguments avancés sont nombreux, de la convivialité à la montée d'adrénaline en cas de mène par les chiens.
Cet aspect pose forcément aussi pour l'Alsace/Moselle la question de la loi locale et de l'attribution des lots de chasse par adjudication, avec des prix qui ne se réduisent pas et demandent donc du budget, soit forcément des partenaires venus hors de nos trois départements et qui de ce fait ne sont disponibles pour une présence permanente sur le terrain. Sur le papier, les chasseurs locaux sont à privilégier, dans les faits, ça ne marche pas et les budgets restent le plus souvent couverts par la vente de parts-battues.
Un autre débat ou point que personne ne veut aborder au regard de la loi locale, c'est qu'avec le développement des territoires et des loisirs de plus en plus de territoires ne sont tout simplement plus chassables, notamment au regard des textes réglementaires autour de la sécurité des tirs. Or les communes ont l'obligation de louer...
Reste l'effet colatéral de la pratique de la chasse devenu un sujet sociétal, politique, idéologique avec la montée permanente des oppositions. Une chose est sûre, la chasse ne peut continuer à être naïve et croire en sa bonne étoile, en face elle a du militantisme organisé avec des stratégies comme celle "des petits bouts". Toutes les entrées directes ou indirectes qui peuvent mener à la disparition de la chasse sont exploitées pour réussir à imposer une vision de la nature et de la relation de l'homme avec les animaux. C'est par le prosélytisme martelé et le discrédit lancés par les associations créées et dédiées à "la lutte finale" contre la chasse que leurs interlocuteurs finissent par être vus et reconnus comme légitimes. Dans ce système, les faits objectifs ne pèsent, la vérité est dans ce qu'ils disent. Ils appliquent la stratégie de Sregeï Lavrov, vieux briscard de la diplomatie soviétique, "si je dis que ce verre est plein, alors qu’en réel il est à moitié plein, il est plein".
Enfin, le dernier point noir qui ne milite pas pour une durabilité de la chasse, c'est le travail de formation pour implanter les futurs cadres influenceurs du changement sociétal. Il y a le monde associatif des militants et des activistes anti-chasse et les fers de lance politiques et médiatiques chargés de créer les buzz au titre de la politique des petits bouts., Ca va de B.B, ASPAS, LPO, L214 et consorts en passant par le parti animaliste pour aboutir aux Aymeric Caron, Pierre Rigaut, Paul Watson, Hugo Clément, chacun dans son rôle de chargé de mission. Et puis il y a des inconnus, beaucoup moins connus du grand public ou presque, comme par exemple Gérard Charolois, éminence grise ou Etienne Spataro, directeur de formation à Sup'écolidaire. C'est de la belle ouvrage contre laquelle le monde de la chasse est mal armé pour ne pas dire dépourvu, faute de têtes de proues, de figures marquantes, d'organisation équivalente de chasse en meute.
Le rendez-vous de Kolbsheim tombe dans ce sens à pic pour voir ce que la chasse est en capacité de produire, de proposer comme programme d'action, ne serait-ce notamment au regard de la rédaction en cours du nouveau Schéma Cynégétique départemental.