Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Comme toujours en cette période, l'ONF consulte ses adjudicataires pour dresser un bilan de la saison écoulée et préparer les plans de chasse chevreuils et cervidés pour la saison à venir, voire annoncer des "nouveautés". En cette "année de misère" dame Covid oblige, je ferai un jeu de mot pourri pour résumer l'ambiance, les "patrons" de chasse domaniales, enfin façon de parler, vont être "cerfvis" en 2021.

Globalement, c'est 15% d'attributions en plus pour le cervidé et un copier/collé de ce qui se fait déjà en Moselle, un "reporting" des prélèvements au jour le jour des tirs de sangliers, cervidés et chevreuils, pour ces derniers avec photo à l'appui, le tout via une plateforme internet . Cette innovation expérimentale va sans doute immensément réjouir les "geeks" que sont les adjudicataires de domaniales nés après-guerre et avant ! Evidemment, faire des chasseurs des "informaticiens en forêt", comme l'a souligné l'un d'entre eux, est présenté comme une simplification administrative permettant notamment d'éviter les retards de transfert des comptes-rendus de mi-saison et de fin de saison, mais on peut aussi estimer que cette "démarche en temps réel" a été pensée pour enlever de "la charge de travail" de saisie des données aux agents et vu le contexte des relations, à un flicage permanent des taux de réalisation des plans de chasse, avec rappels à l'appui et autres mesures prévues...

Sur le blog, quarante articles ont alimenté au fil du temps, la rubrique "forêts et gibiers". L'immense majorité retrace la détérioration des conditions de chasse en forêts domaniales et communales et met l'accent sur les conséquences des "contrats" mis sur le gibier et les adjudicataires, notamment de chasses domaniales. https://www.veillecynegetique67.com/2017/10/une-image-bientot-rare-en-foret-et-au-nom-de-la-conscience-morale.html

Le chasseur alsacien a comme beaucoup ce défaut de lire ce qu'il signe avec ses représentations et non avec les yeux. Tout est contractuellement écrit sans équivoque dans les baux de chasse, communaux ou domaniaux, que ce soit sous forme d'engagement auprès des maires ou de contrat auprès de l'ONF et dans ce cadre, le chasseur s'engageait en 2015 à participer à la réalisation d'un objectif clairement avancé, celui de "l'équilibre sylvo-cynégétique". Et pourtant, il s'est précipité pour prendre des lots de la mort. https://www.veillecynegetique67.com/2019/01/a-vos-marques-prets-fuyez-les-lots-de-chasse-domaniales-reviennent-sur-le-marche.html

Et pourtant, il en a redemandé https://www.veillecynegetique67.com/2019/03/fouettez-moi-ou-comment-le-chasseur-creuse-sa-tombe.html

Aujourd'hui, la coupe, pas celle de bois mais celle avec la lie, est pleine avec une saison 2020 terminée en fanfare aussi bien dans le 67 que le 68, avec une première, une battue administrative de cervidés dans les Vosges du Nord et pour 2021 un plan de chasse encore en hausse. C'est la confrontation annoncée, mais un peu tard, il convenait de la mener avant les adjudications https://www.veillecynegetique67.com/2016/03/douze-annees-de-confrontation.html

Le 23 janvier 2017, j'émettais un billet d'humeur, https://www.veillecynegetique67.com/2017/01/serrer-les-fesses-ou-passer-la-main.html il garde sa pertinence. Aujourd'hui, l'ONF a comme seule réponse aux objections et arguments de ses "clients" adjudicataires, le contrat signé qui lie le chasseur comme un acteur de la filière forêt-bois et non plus comme un cynégète libre. L'ONF estime que les "conditions de la régénération naturelle restent bloquantes sur la majorité des surfaces boisées", par la présence d'ongulés encore trop importante. Alors il convient de continuer à "éliminer", n'écartant pas d'aller gérer elle-même en régie certains territoires pour montrer "comment on chasse avec du résultat"...

Que le chasseur "voit de moins en moins de gibier, tire de moins en moins, mais sort de plus en plus" pour parvenir aux minimas est certes entendu, mais non pris en compte.

Que la pression humaine de jour et de nuit sur la nature par les urbains atteint des limites et modifie le comportement animal au point de le rendre invisible aux heures légales de tir à l'affût est un argument, mais non excusable.

Que les battues soient de plus en plus perturbées avant et pendant par l'abattage des arbres, malgré le dépôt des dates de chasse et par les autres utilisateurs de la nature en infractions est relevé, mais ne change rien, faute à la courte période de récolte de bois et de moyens pour garantir la quiétude des territoires. 

Que les forêts aient été rendues progressivement inhospitalières pour le gibier et inadaptées en terme de besoins de nourritures, faute d'aménagements cynégétiques ciblés, contrairement à ce qui existe sur les grands domaines de chasse de l'Etat est tout aussi irrecevable. https://www.veillecynegetique67.com/2018/10/amenagements-de-la-foret.html  https://www.veillecynegetique67.com

Que la "dent" de l'ongulé et le "fouissement" du sanglier ne sont pas forcément la cause de tous les maux de la forêt frôle l'irrévérence et ne peut être porteur de débat, /2018/03/gibier-et-perte-d-exploitation.le-bouc-emissaire-tout-trouve-qui-cache-les-vrais-enjeux-de-la-foret.html

Dès lors, puisque tout est à charge et sans véritable envie de partenariat, se pose forcément plus qu'une seule et unique question, le chasseur-payeur fait quoi ? Pour l'ONF la réponse est sans ambiguïté, "le contrat" vous permet de résilier, ou alors vous vous soumettez aux orientations. Pour 2021, c'est plus 15% de quotas de cervidés et moins 10% de remise de loyer si vous atteignez les sommets de la réalisation du plan de chasse... et bien sûr en prime la charge du reporting via un compte internet.

Tout ça est justifié par la récente signature d'une charte entre l'Etat et l'ONF pour la "reconstitution des forêts domaniales avec exigence de résultat", suite aux pertes de surfaces forestières dues aux scolytes et qu'il va falloir faire repousser par régénération ou plantation. Une autre forme du "quoi qu'il en coûte" !

Pour le chasseur éthique, pas l'autre, celui qui verra dans l'abandon de chasses l'opportunité de se faire de la viande à bon prix, il est clair que l'exercice de la contrainte d'équilibre sylvo-cynégétique et les conditions de chasse devenant désagréables avec les pressions humaines, les anti-chasses et les cadres réglementaires ne peuvent plus le rendre heureux. Sans plaisir à chasser ni intérêt à devenir un auxiliaire, la réponse au que faire paraît évidente.

Joyeuse Pâques !

Tag(s) : #Forêt et gibier ?
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :